Russie-Ukraine : pourquoi les pays arabes refusent de s’aligner sur les États-Unis
Le 7 avril, la Russie a été exclue du conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Mais cette résolution est loin d’avoir recueilli autant de voix que les précédentes sur la question, en particulier dans le monde arabe. Explications.
Le 7 avril, l’Assemblée générale des Nations unies s’est réunie pour la troisième fois depuis le début de la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine, pour adopter une nouvelle résolution.
Contrairement aux votes précédents des 2 et 24 mars, à caractère non contraignant, et visant à condamner respectivement l’invasion russe en Ukraine et à exiger un arrêt « immédiat » des hostilités par le Kremlin, l’enjeu était cette fois plus concret, et a abouti à l’exclusion de la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Fragilisation du consensus international
L’évolution successive de chacun des résultats montre une fragilisation du consensus international sur la condamnation de la Russie. La première résolution avait été adoptée par une très large majorité d’États, à 141 votes favorables sur 193 au total, dont 35 abstentions et seulement 5 votes contre.
Le second scrutin, à tendance plutôt consensuelle et intitulé Conséquences humanitaires de l’agression contre l’Ukraine, n’avait pas véritablement entraîné de changements de position des États (140 votes pour, 38 abstentions, et 5 contre).
Mais cette fois-ci, l’écart est sans appel : 93 voix pour, 24 contre et 58 abstentions. Bien qu’adoptée, la résolution traduit un net recul de la capacité américaine à obtenir l’alignement des autres pays sur ses positions.
Ainsi, les pays du Maghreb et du Moyen-Orient ont presque tous modifié leur vote. L’Algérie et l’Iran, qui s’étaient abstenus à deux reprises, et qui sont réputés proches de Moscou, ont cette fois voté contre l’exclusion de la Russie du Conseil des droits de l’Homme.
Les États-Unis paient l’inflexion de leur politique depuis l’élection de Joe Biden
Même des États qui entretiennent traditionnellement de bonnes relations avec Washington – la Tunisie, l’Égypte, mais aussi des pays du Golfe, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou le Qatar – sont passés d’un vote favorable à l’abstention le 7 avril.
Atlantisme en berne
Pour ce qui est des pays du Golfe, les États-Unis paient l’inflexion de leur politique depuis l’élection de Joe Biden. Entre la volonté de relancer les négociations sur le nucléaire iranien et les propos de campagne du président américain sur l’Arabie saoudite (« Nous allons en faire les parias qu’ils sont », à propos de l’affaire Khashoggi), la lune de miel observée entre Riyad et les États-Unis sous Donald Trump a bel et bien pris fin.
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