Guinée : Ebola… c’est si grave, docteur ?

Une épidémie « sans précédent » pour MSF, limitée pour l’OMS… Et, pour Conakry, un tapage médiatique qui nuit à son image.

Campagne de prévention, le 31 mars, dans la capitale guinéenne. © Youssouf Bah/AP/Sipa

Campagne de prévention, le 31 mars, dans la capitale guinéenne. © Youssouf Bah/AP/Sipa

Publié le 8 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

C’est un petit couac qui a failli passer inaperçu. Le 31 mars, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) publie un communiqué de presse alarmant sur l’évolution de l’épidémie d’Ebola en Guinée, qu’elle qualifie de "sans précédent". Des termes et un ton qui n’ont visiblement pas plu à tout le monde…

Le lendemain, Gregory Hartl, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), relativise : "C’est encore relativement restreint. Les plus grandes épidémies représentent plus de 400 cas", alors que 137 cas suspects et 86 décès ont pour l’heure été recensés en Guinée. Sur Twitter, il interpelle l’association : "@MSF, n’exagérez pas. L’Ebola peut avoir un taux de mortalité de 90 % mais dans ce cas précis il est de moins de 67 %."

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Du côté des autorités guinéennes, l’influence de certaines ONG sur le traitement médiatique de la crise commence à agacer… "Le gouvernement communique dans une totale transparence et en collaboration avec les partenaires internationaux. Et pourtant, nous avons l’impression que certains font dans la surenchère, alors que d’autres pays ont, dans le passé, connu des épidémies plus graves encore. C’est très gênant et, surtout, nous nous demandons quel est l’intérêt", déclare un proche conseiller du président Alpha Condé.

Le virus détecté sur plusieurs sites et dans au moins deux pays

Mais MSF campe sur ses positions. Contacté par J.A., le Dr Bart Janssens, directeur des opérations, explique : "Il n’y a pas que le nombre de cas qui compte. Ce qui donne une dimension particulière à cet épisode, c’est sa complexité. Le virus a été détecté sur plusieurs sites, dont Conakry, une ville densément peuplée, et dans au moins un deuxième pays, le Liberia."

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L’enjeu est de taille pour la Guinée. Car au-delà du bilan humain, il faut aussi gérer les dégâts en termes d’image. Le 29 mars, le Sénégal a fermé ses frontières avec la Guinée. L’Arabie saoudite a suspendu l’octroi de visas aux pèlerins originaires des pays touchés. Dans la foulée, le Maroc et la France ont annoncé le renforcement des contrôles sanitaires dans leurs aéroports. Et le bilan économique risque aussi de s’alourdir. Alors que les commerces tournent au ralenti dans le sud du pays, certaines compagnies minières pensent déjà à rapatrier une partie de leurs équipes.

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