Maroc-Algérie : au Sahara, une guerre qui ne dit pas son nom ?
Alger a porté de nouvelles accusations contre Rabat, qui aurait bombardé le 10 avril des « civils innocents » en Mauritanie. Explications.
Le 12 avril, un communiqué de la diplomatie algérienne a condamné des « assassinats ciblés commis au moyen d’armes de guerre sophistiquées par le royaume du Maroc, en dehors de ses frontières internationalement reconnues, contre des civils innocents, ressortissants de trois pays de la région », au Sahara.
Les faits dénoncés par l’Algérie auraient eu lieu le 10 avril, le jour où le Front Polisario a annoncé « rompre tout contact avec le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez », à la suite du revirement diplomatique de Madrid sur le Sahara en faveur du Maroc.
Si l’agence de presse du Polisario, Sahara Press Service, évoque de nouvelles « frappes marocaines sur des biens appartenant à des civils non armés dans les territoires libérés de la république sahraouie », elle ne fait de son côté état d’aucun décès.
« Acharnement contre des civils »
C’est le site du journaliste Akram Kharief, réputé bien informé sur les affaires militaires algériennes, qui a le premier fait état de cette information, le 10 avril. « L’armée de l’air marocaine a effectué huit frappes aériennes vers 5 heures du matin contre un regroupement de camions et des marchands, dans la région de Ain Ben Tili dans l’extrême Nord de la Mauritanie », écrit le journaliste algérien. C’est également ce site qui, en novembre, a rapporté le bombardement à Bir Lahlou de plusieurs camions algériens.
Sa version des faits diverge quelque peu du communiqué du gouvernement algérien, dans la mesure où il parle d’une « attaque qui n’aurait pas fait de mort », mais plusieurs blessés. S’il évoque la « région de Ain Ben Tili », le journaliste n’est pas en mesure de certifier l’emplacement exact de l’attaque.
Le village de Ain Ben Tili se trouve à quelques centaines de mètres de la frontière séparant la Mauritanie de la partie du Sahara contrôlée par le Polisario. Le lieu du bombardement se trouve à moins d’un kilomètre du fort éponyme, un lieu de transit et de ravitaillement pour les routiers. Selon les informations d’Akram Kharief, les voyageurs étaient justement regroupés pour la prière du matin et le dernier repas avant le jeûne, avant le bombardement de leurs véhicules.
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