Burundi : Nkurunziza veut passer en force

L’opposition lui conteste le droit de briguer un troisième mandat et manifeste ? Le président Pierre Nkurunziza riposte. En cognant.

Pierre Nkurunziza souhaite briguer un troisième mandat. © Junior D. Kannah / AFP

Pierre Nkurunziza souhaite briguer un troisième mandat. © Junior D. Kannah / AFP

Publié le 2 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

L’opposition est décidée à barrer la route à l’actuel président, Pierre Nkurunziza, qui souhaite briguer un troisième mandat. Mais il faudra en payer le prix. Du gaz lacrymogène, des matraques, des foules dispersées par des tirs à balles réelles : depuis deux mois, la force et la violence éclipsent le débat politique, cristallisé autour d’une éventuelle révision de la Constitution, et notamment de l’article 96 qui stipule que "le président de la République est élu pour un mandat renouvelable une fois".

De violents affrontements ont éclaté le 8 mars à Bujumbura, la capitale. Ils opposaient les forces de l’ordre aux militants du Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD, opposition) : 69 d’entre eux ont été arrêtés, et 21 ont été condamnés le 21 mars à la prison à vie. Le leader du MSD, Alexis Sinduhije, en fuite, est inculpé par le parquet de Bujumbura pour "insurrection armée".

la suite après cette publicité

Le régime se défend de tout acharnement contre ses opposants

"C’est au tour du MSD d’être déstabilisé. Le pouvoir veut affaiblir les formations politiques susceptibles de peser contre le projet de révision de la Constitution", estime Charles Nditije, président contesté de l’Union pour le progrès national (Uprona), qui se trouve lui aussi dans le collimateur du gouvernement. Son mandat a été invalidé début février par le ministère de l’Intérieur, Edouard Nduwimana. Une décision qui a entraîné la scission de l’Uprona en deux camps. L’aile majoritaire, dirigée par Nditije, a quitté le gouvernement pour aller grossir les rangs de l’opposition. À un an seulement de la présidentielle, la situation se tend. Mais le régime se défend de tout acharnement contre ses opposants. "Il n’y a aucune intention de nuire à l’Uprona ou aux partis d’opposition, assure Edouard Nduwimana. Ils sont déjà faibles, minés par des conflits internes, et se livrent à des comportements de faibles. Je ne fais qu’appliquer la loi pour faire régner l’ordre sur toute l’étendue du territoire national."

Front commun

Malgré l’insistance des pressions, l’Assemblée nationale a rejeté à une voix près, le 21 mars, le projet de révision de la Constitution. Dans ce combat, la société civile et l’opposition font bloc. Pour elles, il n’est pas acceptable de changer les dispositions majeures de la Constitution, inspirées par l’accord de paix d’Arusha de 2000, qui a mis fin à la guerre civile et imposé des quotas ethniques. "Les Tutsis sont représentés à 40 % dans les institutions publiques et à 50 % dans l’armée. Le reste, ce sont les Hutus. Cet équilibre est le gage de la stabilité politique au Burundi depuis l’accord d’Arusha. Personne ne voudra revenir quinze ans en arrière", assure un député proche de l’opposition.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires