RDC : quand Sama Lukonde monte au front pour défendre l’état de siège

Le Premier ministre congolais a bouclé jeudi 14 avril une mission d’évaluation dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. L’occasion de défendre le bilan – controversé – de la mesure prise par Félix Tshisekedi il y a près d’un an.

© Kash

  • Kash

    Caricaturiste, bédéiste et peintre congolais installé à Kinshasa.

Publié le 15 avril 2022 Lecture : 2 minutes.

Continuer ou pas ? L’état de siège instauré par Félix Tshisekedi dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri le 6 mai 2021 a-t-il atteint ses objectifs ? La question ne cesse de faire débat. Après les ONG, critiques dans les premières semaines à l’égard de ce régime d’exception mis en place pour tenter d’en finir enfin avec l’insécurité dans l’est de la RDC, les responsables politiques sont de plus en plus nombreux à remettre en question la pertinence de la mesure. Et lundi 4 avril, alors que, pour la 21e fois consécutive, les députés étaient interrogés pour savoir s’il fallait ou non prolonger la mesure, dix d’entre eux ont même répondu « non ». Une première.

Sur le terrain, le recul de l’insécurité se fait attendre. Dans la nuit de dimanche à lundi, plus d’une trentaine de personnes ont été tuées près de Komanda, en Ituri, dans une attaque attribuée aux Forces démocratiques alliées (ADF). Et ce n’est que la dernière en date dans une série de massacres de civils qui ont meurtri la région ces derniers mois. Le Nord-Kivu est, de son côté, confronté à la résurgence du M23 depuis novembre 2021. Les rebelles, qui affrontent les soldats des Forces armées de RDC (FARDC) dans la région de Rutshuru, ont pris le contrôle de plusieurs villages, provoquant un important déplacement de populations. Ce retour du M23 a provoqué de vives tensions diplomatiques, et a été au cœur des discussions entre Félix Tshisekedi, Paul Kagame et Yoweri Museveni lors du dernier sommet de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), qui s’est tenue le 8 avril dernier à Nairobi.

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Appel à la patience

C’est dans ce contexte tendu, et à quelques jours de la date « anniversaire » de l’entrée en vigueur de cet état de siège aux résultats fort discutables, que le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a fait le déplacement dans les provinces concernées cette semaine. Flanqué d’une forte délégation – pas moins de huit ministres, les chefs de l’armée et de la police, des députés et des sénateurs étaient à bord de l’avion qui l’a emmené à Goma mardi 12 avril –,  il est venu « passer en revue le niveau d’avancement » des mesures mises en place.

Il y était attendu de pied ferme. « Nous sommes très inquiets de la dégradation de la situation des droits humains et des massacres continus dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri », lui ont notamment écrit 37 ONG congolaises dans une lettre ouverte. Le Premier ministre a pour sa part assuré que « toutes les options [étaient] sur la table ». Il a également assuré que le programme Désarmement, démobilisation et relèvement communautaire (DDRC) serait « bientôt opérationnel » et invité les groupes armés locaux à « en profiter ». Pas sûr que cet appel à la patience soit entendu par une population qui subit une insécurité chronique depuis plusieurs décennies.

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