RDC : Eugène Diomi Ndongala, le prisonnier de Kabila
Cet opposant à Joseph Kabila a été condamné à dix ans de détention pour viol sur mineures. Ses proches dénoncent un procès politique.
Saura-t-on un jour la vérité ? Seule certitude : le président de Démocratie chrétienne, Eugène Diomi Ndongala, 52 ans, traverse des moments difficiles depuis la réélection de Joseph Kabila, en 2011. En toile de fond, des poursuites pour "viol sur mineures" qui ont abouti, le 26 mars, à sa condamnation à dix ans de prison. "La fin logique d’un procès politique destiné à faire taire un adversaire actif", tance Patricia, son épouse. Pour elle, l’opposant a commis "deux péchés impardonnables" aux yeux du pouvoir. Le premier, c’est d’avoir appelé au boycott des institutions après les derniers scrutins controversés. Lui-même élu à l’Assemblée nationale, il a refusé de siéger dans l’hémicycle.
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Pis, il dénonce un "hold-up électoral" du président sortant au détriment d’Étienne Tshisekedi. C’est là son second "péché". En 2012, il crée la Majorité présidentielle populaire, une coalition de partis et d’associations proches de Tshisekedi, pour réclamer "la vérité des urnes". Mais le jour de son lancement, en juin, il disparaît. Un "enlèvement", selon son parti. "Faux", rétorque Lambert Mende, porte-parole du gouvernement : "Diomi Ndongala a tenté de se soustraire à la justice. Le pouvoir n’a aucun intérêt à nuire à un chef de parti qui n’a qu’un siège à l’Assemblée." De fait, le trublion n’a guère l’étoffe d’un Tshisekedi ou d’un Vital Kamerhe…
Lire l’interview de Freddy Kita, président de démocratie chrétienne : "Kabila doit convoquer un vrai dialogue avec l’opposition"
Diomi Ndongala réapparaît en octobre 2012, la veille de l’arrivée de François Hollande à Kinshasa pour le sommet de la Francophonie. Il dit avoir été kidnappé et détenu par les services secrets. Après un répit durant lequel il reçoit des soins médicaux, il est emprisonné en avril 2013. Entre-temps, son mandat de député a été invalidé, son immunité parlementaire levée. Place au procès. Ou à "une parodie de justice", selon Richard Bondo, son avocat. Quant à bénéficier de la loi d’amnistie promulguée en février par le président Kabila, il ne faut pas y songer. "Les violences sexuelles ne sont pas amnistiables", rappelle Mende.
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