Maroc : « Le Sac de farine » ou le double abandon
Dans un film autobiographique, Kadija Leclere évoque le destin d’une fillette qui doit grandir dans un Maroc qu’elle ne connaît pas.
"Bonjour, je suis ton papa !" Pour la petite Sarah, 8 ans, élevée depuis toujours dans un orphelinat catholique en Belgique, l’événement est de taille et propre à la réjouir. Son père, un Maghrébin élégant et très sûr de lui, lui annonce qu’elle va passer le week-end en sa compagnie : il l’emmène à Paris. Elle monte dans sa voiture, sera droguée à son insu… et se réveillera au Maroc. Nouvel abandon : son géniteur-kidnappeur la confie à sa tante, une femme bienveillante mais qui vit selon la tradition sans se poser trop de questions. Quant à sa mère, qu’elle finira par rencontrer, elle ne la reconnaîtra pas.
Confinée, comme toutes les filles du village, à l’apprentissage du tricot plutôt qu’à celui des maths, la fillette accepte, l’esprit ouvert, d’assumer une double culture. Jusqu’à ce qu’elle réussisse, devenue une belle jeune femme très courtisée, à préparer en secret son voyage retour vers l’Europe.
L’essentiel de l’histoire est authentique, c’est celle qu’a vécue Kadija Leclere, ancienne comédienne et directrice de casting (notamment pour Indigènes) avant de réaliser ce premier long-métrage. Elle a réuni un casting de rêve, avec Hafsia Herzi (Sarah jeune femme), Hiam Abbass (la tante), Smaïn (le père) et la petite Rania Mellouli (Sarah enfant), qu’elle présente, à raison, comme une actrice née, "un talent brut comparable à un stradivarius". Dommage que ce film touchant et sympathique tourné dans de beaux décors naturels apparaisse souvent naïf, sinon simpliste, l’auteure ayant choisi de traiter trop de thèmes à la fois sans en approfondir véritablement aucun. L’écueil récurrent des premiers films, surtout quand ils sont autobiographiques.
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