Inde : la rébellion naxalite ressurgit avant les élections générales

Une guérilla qui se réclame de Mao multiplie les opérations meurtrières dans l’est du pays. Son objectif ? Torpiller les prochaines législatives.

Insurgés débarquant dans un village du Chhattisgarh, en juillet 2012. © NOAH SEELAM/ AFP

Insurgés débarquant dans un village du Chhattisgarh, en juillet 2012. © NOAH SEELAM/ AFP

Publié le 28 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

C’était le 11 mars, sur une route de campagne, dans l’État du Chhattisgarh (dans l’est du pays). Alors qu’ils s’acheminaient vers une zone de travaux qu’ils étaient censés protéger, des policiers et des militaires ont vu 200 rebelles maoïstes fondre sur eux. Explosifs, armes automatiques… Bilan : 16 morts. À quelques jours des élections générales (7 avril-12 mai), l’Inde renoue avec ses vieux démons. "Il faut s’attendre à une recrudescence de la violence, reconnaît un expert. Leur appel au boycott des élections régionales de l’an dernier ayant échoué, les maoïstes vont tout faire pour revenir sur le devant de la scène." Les services de renseignements sont convaincus que les guérilleros ont un plan pour torpiller le scrutin. Certains leaders du BJP (opposition) et du Congrès (au pouvoir) seraient des cibles potentielles. Les forces de sécurité aussi.

Les échéances électorales sont pain bénit pour ces quelque 9 000 combattants qui voient en la démocratie représentative une mascarade et rêvent de faire triompher le communisme par les armes. Leur projet remonte à 1967. À l’époque, l’Inde est en pleine crise agraire. Le landlordism, système de redistribution des terres en faveur des riches propriétaires, a été aboli, mais certains nantis refusent d’appliquer les réformes. Des révoltes paysannes éclatent. Le 25 mai 1967, l’une d’elles est durement réprimée dans le village de Naxalbari (Bengale occidental). C’est elle qui inspirera les créateurs du mouvement, en avril 1969, et lui fournira son nom : le naxalisme. Son but ? Défendre les droits des paysans et ceux des tribus chassées de leurs terres par les grands projets industriels ou miniers. Depuis, il ne cesse d’étendre son influence dans les États du Nord et du Nord-Est : Jharkhand, Andhra Pradesh, Uttar Pradesh, Karnataka.

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Meurtre d’une vingtaine de membres du Congrès

Il y a quelques années, le gouvernement était parvenu à réduire le nombre des victimes : 1 180 en 2010, 367 en 2012. Mais la tendance s’est de nouveau inversée : il y a eu 400 meurtres en 2013. Le dernier drame s’est déroulé à quelques kilomètres du lieu de l’embuscade dans laquelle, en mai 2013, une vingtaine de membres du Congrès trouvèrent la mort. "C’est bien la preuve que Delhi ne prend pas vraiment ces incidents au sérieux", commente Ajit Jogi, l’ancien Chief Minister du Chhattisgarh. Conscient d’avoir baissé sa garde, le gouvernement promet des opérations de grande envergure. "Nous allons nous venger", menace le ministre de l’Intérieur. Pour l’heure, la rébellion naxalite reste "la principale menace pour la sécurité intérieure du pays", comme le disait en 2010 Manmohan Singh, le Premier ministre.

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