[Classement tech 2022] Le dilemme Flutterwave

Cofondateur et directeur général de la start-up nigériane valorisée 3 milliards de dollars, Olugbenga Agboola ne figure pas dans notre classement 2022 des 50 champions de la tech. Jeune Afrique vous explique pourquoi.

Gbenga Agboola, PDG de Flutterwave. © Flutterwave

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  • Quentin Velluet

    Quentin Velluet est rédacteur en chef adjoint Économie de Jeune Afrique. Il couvre par ailleurs le secteur des télécoms et de la technologie.

Publié le 25 avril 2022 Lecture : 2 minutes.

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Exclusif JA – Tech 2022 : les 50 champions d’un secteur en pleine expansion

Pour la deuxième année consécutive, Jeune Afrique et The Africa Report (TAR) publient en exclusivité un classement des 50 personnalités aux avant-postes de la transformation numérique du continent.

Sommaire

Dans l’enquête publiée le 12 mars sur son média West Africa Weekly, le journaliste nigérian David Hundeyin, par ailleurs ex-collaborateur de The Africa Report, met en cause, documents à l’appui, la gouvernance de la start-up Flutterwave. Après avoir levé 250 millions de dollars au début de 2022, celle-ci est actuellement la plus importante valorisation du continent (3 milliards de dollars).

Les accusations sont sérieuses et visent son cofondateur et directeur général Olugbenga Agboola (surnommé GB dans l’univers de la tech). L’article dénonce un délit d’initié (le journaliste utilise le terme d’insider trading), du harcèlement moral et sexuel à l’égard de plusieurs collaboratrices, ainsi que des pratiques commerciales frauduleuses.

Son absence dans le classement ne disqualifie en rien la qualité des services apportés par Flutterwawe

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Sans nous prononcer sur la réalité de ses allégations, plusieurs éléments portés à notre connaissance nous ont poussé à ne pas inclure l’entrepreneur dans notre classement cette année. Cela ne disqualifie en rien la qualité des services apportés par la société et le rôle de locomotive qu’elle a joué pour la tech africaine ces dernières années.

Appropriation indue de participation

La première est relative à l’identité fictive que GB aurait utilisée en 2016 pour s’arroger 10 % de participation supplémentaire dans la société créée avec Adeleke Adekoya et Iyinlowula Aboyeji. Désormais à la tête de la société de capital-risque Future Africa, ce dernier a confirmé le 16 avril auprès du média TechCabal – dont lui-même et Flutterwave sont actionnaires – que GB avait bien mentionné à ses associés qu’un certain « Greg », directeur technique de la start-up, devait récupérer 10 % de la société.

« Après un certain temps, on a compris ce qu’il s’était passé. À ce moment-là, cela n’avait plus d’importance. Nous [Aboyeji et le troisième cofondateur Adeleke Adekoya] avions déjà signé des accords, et j’ai décidé de passer à autre chose », a confié Iyinowula Aboyeji au média nigérian. En parallèle, les jours qui ont suivi la publication de l’article, « Iyin » Aboyeji, sur les réseaux sociaux, n’a eu de cesse de défendre fermement sa réputation et celle de sa fintech, tout en affirmant par ailleurs ne plus posséder aucune action de Flutterwave.

Contacté par Jeune Afrique, le directeur général de la licorne n’a pas donné suite

La deuxième allégation qui a motivé notre décision concerne le fait qu’Olugbenga Agboola aurait poussé certains de ses collaborateurs et investisseurs à revendre leurs actions à un prix plus bas que le marché, parfois bien en dessous de leur véritable valeur selon l’enquête journalistique. Outre les témoignages avancés dans l’article de David Hundeyin, un investisseur un temps proche de Flutterwave nous a confirmé l’existence de ce genre de pratiques.

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Contacté par Jeune Afrique, le directeur général de la licorne n’a pas donné suite. Dans un mail interne relayé le 20 avril par le site américain TechCrunch, le principal intéressé a affirmé qu’une partie des accusations contenues dans l’enquête était fausse, tout en admettant que certains des points soulevés avaient déjà été « signalés, étudiés et traités par la direction », sans toutefois préciser lesquels.

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