L’avant-garde anticoloniale exposée à Paris
Le Musée du Quai Branly à Paris présente « Negro Anthology », somme documentaire incontournable rassemblée par la poétesse et éditrice Nancy Cunard au début des années 1930.
Si la vie de la Britannique Nancy Cunard est un roman, son ouvrage le plus marquant est sans aucun doute la Negro Anthology, qu’elle réalisa en 1934, à l’époque même où l’Europe basculait dans le fascisme. D’elle-même, cette artiste polymorphe disait : "J’aime : la paix, la campagne, l’Espagne républicaine et l’Italie antifasciste, les Noirs et leur culture africaine et afro-américaine, toute l’Amérique latine que je connais, la musique, la peinture, la poésie et le journalisme."
Le Musée du Quai Branly consacre, jusqu’au 18 mai, une courte exposition à celle qui fut le modèle de grands artistes comme Man Ray ou Constantin Brancusi, la compagne de l’écrivain français Aragon et du pianiste africain-américain Henry Crowder, l’éditrice du premier livre de Samuel Beckett et une collectionneuse compulsive de lourds bracelets d’ivoire qu’elle enfilait en nombre sur ses avant-bras. Sous le titre "L’Atlantique noir", l’exposition est principalement consacrée à l’anthologie documentaire de 856 pages rassemblant quelque 150 auteurs à laquelle cette anticolonialiste féroce – elle écrivait alors "l’homme blanc tue l’Afrique" – consacra une énergie phénoménale. Un choix qui se défend, mais laisse sur sa faim. Personnalité d’une modernité fascinante, Nancy Cunard mourut en 1965, rongée par la folie et l’alcoolisme, après avoir côtoyé les plus étonnantes avant-gardes. L’itinéraire de "l’inconnue, l’étrangère / Hors-la-loi, rejetée par les règles de la vie" méritait sans doute un peu mieux.
© musée du quai Branly
>> "L’Atlantique noir, Nancy Cunard Negro Anthology, 1931-1934", Musée du Quai Branly, jusqu’au 18 mai 2014
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Par Nicolas Michel
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