RDC – Katanga : savez-vous parler lushois ?

Chaque ville a son identité, qui se traduit notamment par la façon de s’exprimer de ses habitants. Et Lubumbashi n’échappe pas à la règle. Bien entendu, la plupart des expressions caractéristiques de la capitale katangaise sont en swahili, la langue la plus couramment parlée par les Lushois. Mais ces derniers utilisent aussi nombre de mots français ou anglais, dont le sens diffère parfois radicalement de leur définition originelle. Certaines sont spécifiques à un milieu professionnel, d’autres ont été créées de toutes pièces pour traduire une réalité sociale. Leur usage étant évidemment aussi question de génération. Petit florilège…

Statue de l’assainissement devant la mairie de Lubumbashi. © AFP

Statue de l’assainissement devant la mairie de Lubumbashi. © AFP

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 28 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

Dubaï. Véhicule importé de cet émirat du golfe Persique. Terme généralement utilisé dans l’expression "rouler dans une Dubaï".

Jaucoler. Dans le langage des étudiants, c’est avoir le ventre creux. Il faut alors le remplir avec de la "jaucolamicine" (nourriture).

la suite après cette publicité

Biper. Le développement de la téléphonie mobile en Afrique est tel que des centaines de millions de personnes ont un portable. Mais posséder un téléphone ne suffit pas. Encore faut-il avoir des unités pour appeler, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. D’où la pratique qui consiste à biper, c’est-à-dire à former le numéro de quelqu’un et à couper la communication avant qu’il ne décroche pour être rappelé. Dans le vocabulaire lushois, on emploie aussi ce terme lorsqu’une femme, dans un bar ou une boîte de nuit, tente d’aguicher un homme. Celui-ci dira alors, malicieusement : "Cette femme a tenté de me biper, mais je n’avais pas d’unités pour lui répondre."

Bunga de bunga. Ivre mort – bunga signifiant farine en swahili.

Bizneser. Un homme d’affaires.

Chaque jour, de nombreux Lushois dévorent ainsi une bonne carte d’identité.

Carte d’identité. Expression désignant un plat de petits poissons salés (appelés "fretins") ou une friture de poisson. Chaque jour, de nombreux Lushois dévorent ainsi une bonne carte d’identité.

la suite après cette publicité

Cortège. Dans les transports en commun, un "cortège" est une personne qui ne paie pas son billet soit parce qu’elle en est dispensée, soit parce qu’elle n’a pas de quoi payer mais a demandé l’autorisation de monter à bord.

Griffe. Mauvais comportement, mauvaise habitude. "Toi, tu as vraiment la griffe."

la suite après cette publicité

France Inter. Avant la création de RFI, les Congolais captaient France Inter. Aujourd’hui, à Lubumbashi, toute personne qui colporte de fausses nouvelles ou qui est simplement une langue de vipère est ainsi surnommée. "Tu as cru cette fille ? Mais idiot, c’est une vraie France Inter !"

Mboziste. Menteur, baratineur.

Marcher sur une mine antipersonnel. Être emporté par le sida. On dit alors qu’Untel "a marché sur une mine antipersonnel".

Whisky blanc. Tord-boyaux local, fabriqué de manière traditionnelle – généralement à base de maïs ou de manioc.

Biftek. Huile de palme ou de table. "Il faut mettre du biftek pour cuire la viande."

Travaux pratiques. Cette expression du vocabulaire universitaire peut prendre un tout autre sens dans la capitale katangaise. On y qualifie de "travaux pratiques" (ou "TP") le fait, pour une étudiante, d’avoir des relations sexuelles avec un professeur en vue d’obtenir une bonne note.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires