RDC : à Lubumbashi, la propreté, c’est l’affaire de tous
Cheval de bataille du maire de la ville : la lutte contre l’insalubrité. Pour réussir, l’hyperactif Jean-Oscar Sanguza Mutunda fait appel à ses partenaires locaux et étrangers.
RDC : Lubumbashi la cosmopolite
Rencontrer le maire de Lubumbashi est tout sauf facile. Du moins à la mairie, puisqu’il est la plupart du temps en ville, semble-t-il. "J’aime le terrain. Je suis partout, même dans les caniveaux !" s’amuse Jean-Oscar Sanguza Mutunda en s’installant à son bureau, faisant d’emblée référence à son cheval de bataille : la lutte contre l’insalubrité. Élancé, le cheveu coupé très court, l’édile porte ce matin-là un costume gris à rayures bien ajusté.
"Catholique engagé", selon son expression, Jean-Oscar Sanguza se dit "convaincu d’être là pour relever le pays et amener la jeunesse à l’aimer". Il a commencé sa carrière dans l’administration territoriale au cours des années 1980. Agent recenseur, secrétaire communal, chef de quartier, coordonnateur provincial de la brigade d’assainissement, bourgmestre de la commune de Ruashi, puis de celle de Lubumbashi, il a été nommé maire de la capitale provinciale en 2010. À ses détracteurs, qui lui reprochent notamment d’être trop proche de Moïse Katumbi Chapwe, le gouverneur de la province, il répond du tac au tac : "Je le suis évidemment dans le travail ! Ce qu’il fait pour moderniser le Katanga et la ville nous pousse à lui emboîter le pas." En particulier sur le terrain de la propreté.
Pour le maire, le mot d’ordre est l’assainissement : "Il y va de la dignité de l’être humain. Ce n’est pas seulement à la municipalité de s’occuper de la propreté, en ville comme chez les gens. C’est aussi à la population, et si elle ne le fait pas nous allons appliquer la loi." Effectivement, en faisant le tour de la capitale katangaise, on constate que l’insalubrité est omniprésente et a pris une telle ampleur qu’elle commence à avoir des conséquences sur la santé des habitants, avec notamment l’apparition de cas de choléra. "Les brigades d’assainissement font leur travail, mais immédiatement après leur passage les habitants déversent toutes sortes de détritus dans les rues, les caniveaux et les drains", explique un Lushois.
Jumelage entre Liège (Belgique) et Lubumbashi
Dans la cour de la mairie, dix camions-poubelles flambant neufs sont garés. Livrée mi-février, cette flotte financée par le gouvernorat constituera une nouvelle arme dans le combat pour la propreté. Par ailleurs, une centaine de points de collecte vont être installés à travers la ville ; la population sera tenue d’y déposer ses ordures et de s’acquitter d’une taxe pour financer leur ramassage. Enfin, dans le cadre du jumelage entre Lubumbashi et la ville belge de Liège, une entreprise de traitement des déchets sera créée prochainement.
Jean-Oscar Sanguza est conscient que les résultats obtenus pour le moment dans le cadre de sa campagne pour la propreté "ne sont pas encore totalement satisfaisants". Il en va de même pour ceux relatifs au développement des réseaux d’assainissement, d’eau et d’électricité : de nombreux quartiers n’y sont pas encore raccordés, et ceux qui le sont subissent des coupures récurrentes. "C’est normal, explique-t-il, parce que les infrastructures n’ont pas été renouvelées depuis longtemps. Nous y allons petit à petit."
Enfin, l’édile tient à relativiser les inquiétudes et les rumeurs d’une insécurité accrue qui se sont propagées à la suite des attaques perpétrées l’an dernier dans la capitale provinciale par des groupes de miliciens séparatistes. "Il ne faut pas exagérer, tranche-t-il. Nous devons veiller à la sécurité des habitants, rassurer la population et les investisseurs, mais il n’est pas question de mettre des policiers partout. Lubumbashi est une ville calme."
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