Côte d’Ivoire : Didier Drogba, Sory Diabaté ou Idriss Diallo ? L’heure du verdict
Le football ivoirien connaîtra l’identité de son nouveau patron ce samedi 23 avril. Les trois candidats sont en lice pour occuper le fauteuil présidentiel pour les quatre prochaines années. Et le favori n’est pas forcément celui qu’on croit.
Qu’elle se rassure, la Côte d’Ivoire ne se retrouvera pas dans la même situation que le Cameroun, dont la Fédération de football (Fecafoot) s’était dotée d’un président – Samuel Eto’o – moins d’un mois avant le coup d’envoi de la CAN qu’il organisait, et après avoir été dirigée par un comité de normalisation. La Côte d’Ivoire organisera la prochaine édition du grand raout du football africain en 2023, et, le samedi 23 avril, la Fédération ivoirienne de football (FIF), elle aussi placée depuis décembre 2020 sous la férule d’un comité de normalisation, retrouvera un fonctionnement normal.
Comme au Cameroun, un ancien icône du football international vise la succession d’Augustin Sidy Diallo – l’ancien président de la FIF, décédé en novembre 2020 du Covid-19. Didier Drogba (44 ans), ex-capitaine des Éléphants et ex-attaquant de Marseille et Chelsea, avait annoncé, au début de 2020, sa candidature à une élection plusieurs fois reportée. Malgré son immense carrière et une popularité faisant de lui – auprès des amateurs de football, de joueurs, de membres du gouvernement et de députés – le candidat idoine, Drogba n’est pourtant pas le favori de cette élection. Sory Diabaté, l’ancien vice-président de Sidy Diallo et l’homme d’affaires Idriss Diallo, ancien membre de la FIF et vice-président de l’Afad, un club de Ligue 1, le devancent même dans des sondages officieux, effectués auprès des 81 membres (76 clubs et 5 groupements d’intérêts) du collège électoral.
Drogba trop sûr de lui ?
Didier Drogba se montre confiant. Il y croit, comme il l’a déclaré lors d’une conférence de presse, le 18 avril à Abidjan. « Après le 23 avril, une nouvelle ère commencera. Ma priorité sera de rassembler. Oui, je pense que j’ai toutes les chances de gagner cette élection. » Mais il n’a pourtant pas su convaincre la majorité des clubs et l’Association des footballeurs ivoiriens (AFI), dont il fût pourtant un des membres fondateurs.
Avoir été un grand footballeur ne fait pas forcément de vous un favori, Drogba a peut-être négligé cet aspect
La Confédération africaine de football (CAF) et la Fifa voyaient pourtant d’un bon œil l’élection de Drogba, mais Patrice Motsepe, le président de la CAF, n’a pas su convaincre Alassane Ouattara, le chef d’État ivoirien, de favoriser un consensus autour de la candidature de l’ancien buteur. « Son programme a des aspects intéressants, sur la formation des jeunes ou le développement du football féminin par exemple, mais Drogba manque d’expérience. Il lui est aussi reproché de ne pas s’être intéressé aux problèmes du football ivoirien quand il était en activité, de s’être montré un peu trop sûr de lui et distant. Avoir été un grand footballeur ne fait pas forcément de vous un favori, et il a peut-être négligé cet aspect », souffle le dirigeant d’un club de Ligue 1.
Diabaté légèrement favori
À quelques heures de la fin de la campagne officielle et de l’élection prévue samedi à Yamoussoukro, Sory Diabaté et Idriss Diallo semblent devancer Drogba dans les intentions de vote. Le premier est même considéré comme étant légèrement favori. Et se délecte de cette position en pole position. « La tendance semble être favorable, affirme Diabaté. Mais rien n’est fait, cependant. J’ai présenté un programme réaliste, axé sur les principales préoccupations des clubs. »
Le football ivoirien doit briller par ses clubs, et pas seulement par sa sélection nationale
Celui qui souhaite augmenter les subventions des clubs de Ligue 1, Ligue 2 et Division 3, souhaite garantir un salaire minimum aux joueurs, selon la division où ils évoluent. « On doit rendre le championnat plus attractif. Je veux renégocier les droits télé avec Canal+, à qui le football ivoirien doit beaucoup, et développer la vente de produits dérivés, avec une boutique FIF », affirme-t-il.
Pour Sory Diabaté, l’investissement de l’État est essentiel, au moins de manière temporaire. « L’État est prêt à s’engager, le temps que les clubs trouvent d’autres sources de revenus. Plus notre championnat sera attractif, plus il intéressera des sponsors et le public. Le football ivoirien doit briller par ses clubs, et pas seulement par sa sélection nationale. » S’il l’emporte, Diabaté promet de proposer à ses deux adversaires de leur tendre la main et de « travailler ensemble ». « La campagne se déroule dans un climat serein, assure Diabaté. Les contacts existent avec Idriss et Didier. »
Diallo croit en sa chance
Comme ses deux adversaires, Idriss Diallo croit en sa chance. L’homme d’affaires peut lui aussi se prévaloir du soutien non négligeable de plusieurs clubs, mais aussi des arbitres. Contrairement à Diabaté, il ne mise pas sur un engagement fort de l’État. « Celui-ci ne peut pas tout. Il organise la CAN en 2023. Si je suis élu, je peux assurer aux clubs ivoiriens que tout un pool de partenaires économiques nous rejoindra. On renégociera les droits télé. Mon projet est réaliste. Je souhaite augmenter le budget de la FIF, en le faisant passer de 6 à 9 milliards de F CFA. Je pourrais dire que je vais le tripler, voire plus, j’ai des objectifs ambitieux mais raisonnables. Je prône une gestion transparente et saine. »
L’ancien vice-président de la FIF sous le règne de Jacques Anouma, dont il est resté proche, veut « instaurer un Smic pour les joueurs professionnels, relancer les compétitions de jeunes qui sont à l’arrêt depuis des années, une aberration dans un pays comme la Côte d’Ivoire, véritable pépinière de talents. Si je suis élu, je tendrais la main à Drogba et Diabaté, je convoquerais rapidement un séminaire avec les acteurs du football ivoirien, et j’inviterais Jean-Michel Aulas, le président de l’Olympique lyonnais, qui est une référence dans le domaine de la bonne gestion. » Une chose est sûre, qui que soit l’heureux élu, son premier défi sera de trouver très vite un sélectionneur national, puisque le contrat du Français Patrice Beaumelle, arrivé à son terme le 6 avril, n’a pas été renouvelé.
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