Burkina Faso : même condamné, Blaise Compaoré souhaite rentrer d’exil

L’ancien président espère revenir chez lui sans être inquiété malgré la peine de prison à perpétuité dont il a écopé à l’issue du procès Sankara.

Blaise Compaoré à Bruxelles, le 15 mai 2013. © Thierry Charlier/AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 26 avril 2022 Lecture : 5 minutes.

Il n’était pas présent à l’ouverture de son procès, le 11 octobre dernier. Sans grande surprise, il ne l’était pas davantage pour le verdict, six mois plus tard. Ce 6 avril, c’est dans sa villa cossue de Cocody-Ambassades, à Abidjan, que Blaise Compaoré a appris qu’il était condamné à une peine de prison à perpétuité pour avoir participé à l’assassinat de Thomas Sankara et de ses douze compagnons, le 15 octobre 1987. L’ancien président a été formellement reconnu coupable d’« attentat à la sûreté de l’État » et de « complicité d’assassinat » par le tribunal militaire de Ouagadougou. Gilbert Diendéré et Hyacinthe Kafando, les deux autres principaux co-accusés, écopent eux aussi de peines de prison à vie. Trente-quatre après le meurtre de Sankara, la justice a enfin dit sa vérité dans cette affaire emblématique.

Pourtant, rien ne prouve que le tombeur de l’icône panafricaine finira ses jours dans une geôle burkinabè. En exil en Côte d’Ivoire depuis qu’il a été chassé de la présidence, en 2014, Blaise Compaoré ne risque pas d’être extradé par son hôte, Alassane Ouattara. Pour le chef de l’État ivoirien, hors de question de lâcher son camarade de longue date. Blaise Compaoré a d’autant moins à craindre qu’il a acquis la nationalité ivoirienne de son épouse, Chantal.

Mal du pays

L’extradition est également inimaginable parce que Ouattara n’ignore rien des soucis de santé de son protégé. Ces derniers mois, le « beau Blaise » a perdu de sa superbe. Difficile de savoir précisément de quoi il souffre, mais tous ses interlocuteurs font le même diagnostic : s’il se porte plutôt bien physiquement, son esprit commence à donner des signes de faiblesse. Propos parfois confus, absences, trous de mémoire… Une opération au cerveau subie début 2021, au Qatar, n’y a rien fait. Compaoré, qui a fêté ses 71 ans le 3 février dernier, n’est plus aussi lucide qu’il l’était. « Il a la santé d’un homme de son âge », concède pudiquement l’un de ses intimes. Un autre, qui l’a vu récemment, rapporte qu’il « a quelque vides », mais pas de quoi « l’empêcher d’avoir de longs entretiens ».

De quoi peut-il bien parler avec les quelques proches auxquels il ouvre encore sa porte ? À ses confidents, Blaise Compaoré ne cache pas sa lassitude face à la vie en exil et son mal du pays. Poussé à la démission par la rue, l’ancien président n’espère plus qu’une chose : rentrer au Burkina pour y finir sa vie. C’est pourtant impossible tant que cette peine de prison à perpétuité plane au-dessus de lui comme une épée de Damoclès. S’il rentre, ce sera seulement en ayant obtenu la garantie que ni lui ni ses proches ne seront inquiétés.

L’atout Damiba

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