États-Unis : Martin Indyk, numéro un bis pour le conflit israélo-palestinien

Diplomate chevronné, l’ex-lobbyiste pro-israélien passé « à gauche » Martin Indyk seconde activement son patron, le secrétaire d’État américain, John Kerry, dans la recherche d’une solution négociée.

Martin Indyk (à g.) avec John Kerry, le 8 septembre 2013 à Paris. © State Department/Sipa

Martin Indyk (à g.) avec John Kerry, le 8 septembre 2013 à Paris. © State Department/Sipa

perez

Publié le 17 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

En juillet 2013, sa nomination comme émissaire de l’administration Obama au Proche-Orient avait des allures de retour aux sources. À 62 ans, Martin Indyk retrouvait une région qu’il avait quittée en juillet 2001, après avoir effectué un second mandat comme ambassadeur des États-Unis à Tel-Aviv. À l’époque, son profil interpellait déjà : il était le premier diplomate né en dehors du sol américain, juif de surcroît, à occuper une si haute fonction. Mais son expérience connut une fin mouvementée. Pour avoir enfreint les règles de sécurité du département d’État, il est rappelé à Washington. L’ambassadeur est soupçonné d’avoir transporté et consulté des documents confidentiels sur un ordinateur non protégé. Le FBI, chargé de l’enquête, ne retient finalement aucune thèse d’espionnage contre lui, mais lui reproche d’avoir fait preuve de "laxisme".

Naturalisation américaine en 1993

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L’accusation de double allégeance aurait pu coïncider avec le parcours atypique de Martin Indyk. Originaire de Londres, il grandit en Australie, avant d’émigrer aux États-Unis sitôt empoché un doctorat en relations internationales, et obtient la naturalisation américaine en 1993. Son lien avec Israël a toujours été fortement marqué. D’abord comme volontaire dans un kibboutz, en pleine guerre du Kippour, puis, en 1982, lorsqu’il rejoint les rangs de l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), le puissant lobby pro-israélien, lequel, à cette période, prend fait et cause pour le président républicain Ronald Reagan. Trois ans plus tard, il fonde le prestigieux Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient, considéré comme proche des intérêts israéliens. Ses premières publications traitent autant du conflit israélo-arabe que des "menaces" posées par l’Iran et l’Irak.

Très vite, Indyk met son expertise au service de la diplomatie américaine. Sur recommandation du milliardaire israélo-américain Haim Saban, qui venait de financer sa campagne, le président Bill Clinton en fait son conseiller spécial au Proche-Orient, puis l’intègre à son équipe de négociateurs, sous la houlette de Warren Christopher. "C’est à partir de là que j’ai acquis la conviction que le rôle des États-Unis consistant à aider Israël à obtenir la paix était absolument crucial. Et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de faire l’aliyah à Washington", confie-t-il plus tard avec le sourire, en référence à l’émigration juive en Terre sainte.

En 1995, quelques semaines après sa prise de fonctions, le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin est assassiné.

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Bien qu’il préside au Congrès la commission sur la coopération scientifique et technologique avec Israël, Martin Indyk a déjà pris ses distances avec ­l’Aipac et se rapproche même de la gauche israélienne. Mais ce revirement ne rassure pas entièrement les Palestiniens, et ses volontés diplomatiques se heurtent chaque fois à la brutalité régionale. En 1995, quelques semaines après sa prise de fonctions, le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin est assassiné, tandis qu’en 2000, lorsque Indyk est une nouvelle fois mandaté pour assister les belligérants, les négociations de Camp David II échouent avant que la seconde Intifada enterre tout espoir d’un règlement rapide du conflit.

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Avec ce bilan en demi-teinte, ils étaient peu nombreux à miser sur sa personne quand, l’été dernier, le processus de paix a laborieusement repris ses droits. Six mois plus tard, le travail de sape d’Indyk a convaincu Palestiniens et Israéliens du sérieux des États-Unis, et John Kerry peut se réjouir d’avoir trouvé un diplomate à la mesure de sa détermination. Désormais, c’est la droite dure israélienne qui se met à douter de sa neutralité et juge sa nomination "inappropriée". En cause, ses critiques répétées à l’égard de Benyamin Netanyahou depuis que ce dernier a refusé d’imposer un nouveau gel de la colonisation. Récemment, certains ministres l’ont soupçonné d’user de ses talents d’ancien lobbyiste pour rallier des soutiens parmi des hauts gradés de l’armée israélienne. Son objectif : faire accepter à l’État hébreu certains arrangements sécuritaires, comme l’abandon de sa frontière avec la Jordanie.

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