Réélection d’Emmanuel Macron, un non-évènement pour l’Afrique ?
Si Macky Sall, Alassane Ouattara ou Ali Bongo Ondimba ont salué la victoire du président français sortant face à Marine Le Pen, le résultat n’a été suivi que d’un œil sur le continent.
Certes, une présidentielle française, comme un scrutin américain ou un confit russo-ukrainien, ça reste un blockbuster de l’info sur un continent abreuvé, plus que tout autre, de versions « internationales » de médias occidentaux. Mais lorsque les breaking news ont des airs de remakes, l’attention du spectateur est quelque peu distraite.
La relative indifférence africaine à la reconduction d’Emmanuel Macron étant établie, chacun voit tout de même midi à sa porte. La zone francophone, composée notamment d’ex-colonies françaises, est plus attentive que les parties anglophones ou lusophones. Et, dans cette aire, chacun se sent plus ou moins concerné. Les activistes anti-français du Sahel regrettent que la cible de leurs récentes manifestations n’ait pas été balayée, même par une candidate qui agite le chiffon rouge de l’immigration musulmane, une Marine Le Pen que certains twittos jugent « moins hypocrite » que Macron à l’égard du Sud.
C’est « chaleureusement » que le Sénégalais Macky Sall et l’Ivoirien Alassane Ouattara ont félicité le réélu
La plupart des dirigeants de l’ancien pré-carré, eux, ont fait leurs devoirs, en particulier les plus réputés francophiles d’entre eux. C’est « chaleureusement » que le Sénégalais Macky Sall et l’Ivoirien Alassane Ouattara ont félicité le réélu. Le Gabonais Ali Bongo Ondimba et le Nigérien Mohamed Bazoum ont qualifié ladite réélection de « brillante ».
La dégradation du score de Macron, par rapport à 2017, la difficulté intrinsèque de la droite nationale à élargir son socle ou le niveau élevé de l’abstention sont-ils formellement de nature à disqualifier le terme « brillant » ? « Faut pas fâcher », l’Assemblée nationale nigérienne vient d’approuver le redéploiement des forces françaises sur le territoire national…
Achever les funérailles de la Françafrique
Sur le fond, le continent africain était-il un thème de la campagne présidentielle ? C’est dans le débat télévisé de la dernière ligne droite que Marine Le Pen proclamait son intérêt pour une Afrique francophone ferment d’un rayonnement planétaire de la France, tandis que Macron décrivait des africains « médusés » devant le programme du Rassemblement national. De la chair à joutes verbales, voilà ce qu’y ont lu les observateurs indépendants du continent qui tentent de faire le tri entre les critiques vis-à-vis d’un interventionnisme français jugé excessif et les accusations d’abandon.
Et voici les souhaits africains d’aujourd’hui qui ressemblent à ceux d’hier : que la France fasse rayonner la démocratie et le respect des droits humains en Afrique, tout en achevant les funérailles de la Françafrique. Les dirigeants qui invoquent le plus fort l’impératif de rupture avec l’ancien colon, ne sont pas, pourtant, ceux qui ont obtenu le pouvoir démocratiquement.
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