Chine : fin de partie pour le « tsar »

Dernier épisode de la lutte pour le pouvoir qui fait rage à Pékin : l’arrestation pour corruption de l’ex-superflic Zhou Yongkang.

En tournée d’inspection dans le Yunnan, en octobre 2012. © Xinhua/Pang Xinglei/AFP

En tournée d’inspection dans le Yunnan, en octobre 2012. © Xinhua/Pang Xinglei/AFP

Publié le 7 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

Le piège a fini par se refermer sur Zhou Yongkang (71 ans). Après des mois de rumeurs, le "tsar", comme il était surnommé en raison de sa toute-puissance à la tête des services de sécurité, a été discrètement arrêté au lendemain du Nouvel An chinois. Membre cinq ans durant du Bureau politique du Parti communiste (2007-2012), il est tombé pour corruption, comme avant lui l’ancien ministre Bo Xilai et la garde rapprochée de l’ancien président Jiang Zemin, la fameuse "clique de Shanghai".

Pousser vers la sortie l’un des hommes les plus puissants du pays n’a pas été facile. Longtemps à la tête de la police secrète du régime et du ministère de la Sécurité publique (2002-2007), Zhou passe pour avoir des "dossiers" sur tout le monde. À en croire la CIA, c’est lui qui a lancé la cyberguerre contre les États-Unis. Lui aussi qui a été depuis des années le grand artisan de la politique répressive menée contre les dissidents.

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Comme Bo Xilai, c’est l’argent qui a causé sa perte. Bin, l’un de ses fils, est tombé fin 2013 pour des opérations illégales dans le pétrole. Car Zhou est avant tout l’homme de l’or noir. La presse américaine le compare parfois à l’ancien vice-président Dick Cheney, qui fut aussi le patron de la multinationale Halliburton. Non sans raison : au milieu des années 1990, il dirigea pour sa part le puissant groupe Petrochina. Ce qui lui permit de gagner beaucoup d’argent et de se faire beaucoup de relations. Trop sans doute au gré de la nouvelle présidence, qui, peu après sa mise en place, entreprit méthodiquement de démanteler les réseaux du clan Zhou. Les cadres dirigeants de Petrochina – Li Hualin, Ran Xinquan, Wang Yongchun, Jiang Jiemin – tombèrent les premiers, bientôt suivis de protégés comme Guo Yongxiang, ancien vice-gouverneur du Sichuan, ou Li Chuncheng, ex-secrétaire adjoint du parti de cette même province. Vingt-deux des trente et un chefs de police provinciale ont été également destitués au cours des derniers mois. Et la purge, dit-on, ne ferait que commencer !

La confirmation de la corruption et de la violence qui règne au sommet de l’État

Tout cela est évidemment la confirmation de la corruption des élites chinoises, mais aussi de la violence qui règne au sommet de l’État. Jusqu’à son arrestation, le fils de Zhou Yongkang habitait une luxueuse villa à 6 millions de dollars (4,4 millions d’euros) dans le nord-est de Pékin. Fiona Huang, son épouse, menait très grand train avant de s’enfuir aux États-Unis avec ses deux enfants. Zhongxu Yangguang Energy and Technology, la société du couple, était associée à Petrochina dans une ribambelle de gros contrats pétroliers.

C’est fini. Dans ce Dallas à la chinoise, pouvoir et argent ne font plus bon ménage. Reste à savoir si les "dossiers" que le tsar est censé détenir le protégeront d’une condamnation à la prison à perpétuité.

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