Ouganda-Rwanda : Muhoozi fête son anniversaire en grande pompe, et avec Kagame
Les festivités organisées en l’honneur du fils du chef de l’État confirment son ascension, tout comme la venue du président rwandais. De retour en Ouganda pour la première fois depuis deux ans, ce dernier en a profité pour s’entretenir avec son homologue, Yoweri Museveni.
Avec plus de 90 minutes de retard et une arrivée maintes fois reportée, Muhoozi Kainerugaba s’avance finalement sur la piste d’atterrissage de l’aéroport de Kololo, à Kampala. Il n’est pas encore 9 heures du matin, ce samedi 23 avril, mais les festivités peuvent commencer.
Une ribambelle de hauts gradés
Vêtu d’une tenue militaire, le fils du président Yoweri Museveni s’extrait de son Toyota Land Cruiser de couleur verte sous les vivats de plusieurs dizaines de ses partisans, venus acclamer le commandant des forces terrestres et conseiller spécial du chef de l’État.
>> À lire sur The Africa Report – Uganda : Muhoozi’s birthday bash sees Kagame return to Kampala
Une ribambelle de hauts gradés ont fait le déplacement. Parmi eux, le général Leopold Kyanda, chef d’état-major de l’armée ougandaise ; le général Don Nabasa, commandant de la police militaire et ancien commandant du Commandement des forces spéciales (SFC) ; le général James Birungi, chef du renseignement militaire ; le général Johnson Namanya, actuellement affecté au bureau de l’immigration et le général Chris Serunjogi Ddamulira, chef du renseignement criminel. Les généraux Felix Busizoori, actuel patron du SFC chargé notamment de la protection de la famille présidentielle, et son adjoint, Charity Bainababo étaient également présents.
La star du jour reçoit même un prix pour son action en faveur de la paix
Ce jour-là, tous sont venus participer aux festivités organisées pour le 48ème anniversaire de Muhoozi. Cette année, l’ampleur des célébrations est sans précédent. Depuis plusieurs jours déjà, des fêtes résonnent dans plusieurs régions du pays, de la nourriture et des boissons sont distribuées gratuitement, des spectacles sont donnés… Depuis près d’une semaine, le hashtag #MKAt48 est même en vogue sur les réseaux sociaux.
They were joking with us until they saw how strong we are! Uganda is ours! No one shall ever intimidate us! Uganda belongs to Team MK! pic.twitter.com/pQAe0ljcTw
— Muhoozi Kainerugaba (@mkainerugaba) April 26, 2022
Sur la piste d’atterrissage de Kololo, la sécurité est à son maximum. On joue l’hymne national, on chante “Joyeux anniversaire”. La star du jour reçoit même un prix pour son action en faveur de la paix que lui décerne un certain Club patriotique ougandais, tandis qu’un journaliste qui passe pour être l’un de ses plus proches confidents, Andrew Mwenda, prend la parole et enchaîne éloges et superlatifs.
Un parfum d’Idi Amin Dada
À l’en croire, le fils du chef de l’État ougandais est le président des partis communistes du Vietnam, de Chine, de Cuba, de Corée du Nord, des républiques d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale, le commandant en chef de toutes les forces révolutionnaires en butte à l’impérialisme et au néocolonialisme, ainsi que le chef suprême des peuples d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale.
Surtout, Muhoozi est le principal porte-parole des masses opprimées de ce monde, conclut Mwenda. L’énumération, interminable et dithyrambique, n’est pas sans rappeler celles qui accompagnaient les apparitions d’Idi Amin Dada dans les années 1970.
Ce samedi matin, Muhoozi ne reste pas longtemps à Kololo. La fête se poursuit au stade Lugogo, attirant plusieurs milliers de personnes jusqu’à une heure avancée de la nuit. Les grands axes de la capitale ougandaise ont été fermés à la circulation, de même que la principale route du pays, celle qui relie l’Ouganda au Kenya.
À deux reprises depuis le début de l’année 2022, il s’est rendu à Kigali pour s’entretenir avec Paul Kagame
À Kampala, danseurs et musiciens ont été mis à contribution, des affiches ont été déployées dans la ville en l’honneur de “MKAt48”. Politiques, économiques ou militaires, les VIP sont tous là, y compris le Premier ministre Robinah Nabbanja.
Cette fois, Muhoozi prend son temps : il veut parler de la pandémie qui a ravagé l’Ouganda et le monde, et de l’amélioration des relations de l’Ouganda avec le Rwanda. À deux reprises depuis le début de l’année 2022, il s’est rendu à Kigali pour s’entretenir avec Paul Kagame et c’est en partie grâce à lui si le chef de l’État rwandais à accepter de rouvrir l’important poste-frontière de Gatuna, fermé depuis près de deux ans.
« Nous avions de mauvaises relations avec l’un de nos voisins les plus proches, le Rwanda, lance-t-il. [Aujourd’hui] nos relations sont bonnes et vont encore s’améliorer. Nous remercions Dieu pour ce cadeau. C’est pourquoi je pense que nous devrions célébrer ensemble. »
Kagame, invité d’honneur
Si cet anniversaire fait autant parler, c’est parce que le fils du président ougandais a eu soin de convier plusieurs invités de marque : le chef de l’État kenyan, même si Uhuru Kenyatta n’a pas donné suite, mais surtout Paul Kagame, qui, lui, a fait le déplacement.
President Kagame has arrived in Uganda where he will be attending the celebrations for Gen @mkainerugaba 48th birthday later this evening. pic.twitter.com/tejvBYY3b7
— Presidency | Rwanda (@UrugwiroVillage) April 24, 2022
De retour en Ouganda pour la première fois depuis fin 2019, il a participé au dîner d’anniversaire donné, le dimanche 24 avril, à la State House en présence du président et de la première dame, Janet Museveni. La presse n’était pas conviée mais, selon nos informations, Kagame s’est dit heureux que Muhoozi l’ait appelé sur sa ligne directe pour apaiser les tensions. Il l’a félicité pour sa maturité, le mettant au défi de garder le rythme et de viser plus haut. Il lui a aussi donné quelques conseils sur sa manière de communiquer via Twitter.
Influence grandissante
Pour Museveni et Kagame, cette visite a bien sûr été l’occasion d’aborder les questions de stabilité et de coopération régionales. Le premier a rendu hommage au second pour le rôle joué par les Rwandais lors de la guerre qui l’a amené au pouvoir, dans les années 1980.
Quant à celui que Muhoozi a joué dans le dégel des relations entre les deux pays, son père a déclaré que ce n’était pas une surprise tant son fils et le chef d’État rwandais se connaissent depuis longtemps.
De toute évidence, Muhoozi a pris du galon ces derniers mois. Outre sa double visite à Kigali, il a été envoyé auprès de l’Égyptien Abdel Fattah al-Sisi, mais aussi chez le Kenyan Uhuru Kenyatta (à deux reprises) et chez le Sud-Africain Cyril Ramaphosa. Signe de son influence grandissante, l’ambassade de Russie à Kampala n’a pas manqué de lui souhaiter un bon anniversaire.
The Russian Embassy in Uganda wholeheartedly congratulates Lt. Gen. @mkainerugaba, Commander of UPDF Land Forces, on his birthday and extends best wishes of good health, well-being, prosperity and further success in the state activities. pic.twitter.com/9A6HyGthGs
— Russian Embassy in Uganda 🇷🇺 (@RusEmbUganda) April 24, 2022
Succèdera-t-il à son père en 2026 ? C’est la question que tout le monde se pose à Kampala et dans la sous-région. Ses partisans affirment que nul n’est mieux placé et mettent en avant son expérience acquise après deux décennies passées dans l’armée.
Mais ses adversaires sont tout aussi nombreux, qui pointent le risque d’une transmission dynastique du pouvoir et critiquent le fait qu’un militaire sorte de la réserve qui devrait être la sienne pour se lancer en politique.
L’ascension de Muhoozi augure-t-elle de prochaines dissensions au sein du Mouvement de la résistance nationale (NRM), le parti au pouvoir ? Odrek Rwabwogo, un parent de Museveni en rupture de ban a déjà mis en garde contre « les schémas de succession » et « les possibles retours de bâton » qui pourraient « coûter très cher au parti ».
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...