Guerre en Ukraine : de l’inflation jusqu’en 2024, selon la Banque mondiale
Selon les projections de l’institution, la hausse du prix des produits de base provoquée par la guerre en Ukraine sera sensible durant les deux prochaines années. Et pourrait se faire sentir encore plus longtemps si le conflit perdurait.
Dans son dernier rapport sur les perspectives des marchés des produits de base, publié le 26 avril, la Banque mondiale ne se montre guère optimiste. Selon l’institution de Bretton Woods, «la guerre en Ukraine, en provoquant un choc majeur sur ces marchés, a modifié les structures mondiales des échanges, de la production et de la consommation de telle sorte que les prix resteront à des niveaux historiquement élevés jusqu’à la fin de 2024». Ce choc inflationniste durera tant sur le front énergétique que sur le front alimentaire, avec des pics jamais atteints depuis la crise pétrolière de 1973, affirme la Banque.
« Comme cela avait été le cas à l’époque, le choc est aggravé par la recrudescence des restrictions pesant sur le commerce des denrées alimentaires, des carburants et des engrais », explique Indermit Gill, vice-président de la Banque mondiale chargé de la croissance équitable, des finances et des institutions. Cette situation a « commencé à faire planer le spectre de la stagflation », ajoute-t-il, appelant « les responsables politiques à saisir toutes les occasions d’encourager, chez eux, la croissance économique et d’éviter toute action qui porterait préjudice à l’économie mondiale ».
Jamais depuis 2008 la hausse du prix des produits alimentaires – dont la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs – et des engrais, qui sont fabriqués à partir du gaz naturel, n’avait été aussi forte. De manière générale, la Banque mondiale estime que les prix des produits non énergétiques, notamment ceux des produits agricoles et des métaux, devraient augmenter de près de 20% en 2022 avant de se stabiliser au cours des années suivantes. Ceux des denrées alimentaires devraient rester bien supérieurs à la moyenne de ces cinq dernières années.
De même, selon les prévisions de l’institution, les prix de l’énergie augmenteront de plus de 50% en 2022 avant de s’atténuer en 2023 et 2024. Le prix du pétrole brut (Brent) devrait ainsi atteindre une moyenne de 100 dollars le baril en 2022 – son plus haut niveau depuis 2013 –, et augmenter de plus de 40% par rapport à 2021. Les prix devraient se modérer à 92 dollars en 2023, bien au-dessus de la moyenne sur cinq ans de 60 dollars le baril.
L’utilisation moindre des intrants pèsera sur la production et sur la qualité des aliments
Le scénario du pire
D’après John Baffes, économiste principal au sein du groupe Prospects de la Banque mondiale, « la forte hausse du prix des intrants, tels que l’énergie et les engrais, pourrait entraîner une réduction de la production alimentaire, notamment dans les économies en développement ». « L’utilisation moindre des intrants pèsera sur la production et sur la qualité des aliments, ce qui affectera les disponibilités alimentaires, les revenus des populations rurales et les moyens de subsistance des pauvres », poursuit-il.
Ces projections ne sont toutefois pas figées. En cas de guerre prolongée ou de sanctions supplémentaires à l’encontre de la Russie, les prix pourraient être encore plus élevés et plus volatils, avertit la Banque.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan