Égypte : Ibrahim Mahlab, tout pour le maréchal Sissi

Le nouveau Premier ministre égyptien, Ibrahim Mahlab, doit mener le pays à l’élection présidentielle. Objectif : dérouler le tapis rouge au maréchal Sissi.

Ibrahim Mahlab, le 16 janvier, au Caire. © AFP

Ibrahim Mahlab, le 16 janvier, au Caire. © AFP

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 11 mars 2014 Lecture : 1 minute.

Position précaire que celle de Premier ministre en Égypte. L’islamiste Hicham Qandil l’a occupée moins d’un an, avant la chute du président Mohamed Morsi, en juillet 2013. À peine huit mois plus tard, Hazem al-Beblawi, son remplaçant, vient de jeter l’éponge. Il laisse la place à Ibrahim Mahlab, ministre de l’Habitat sortant, dont le mandat s’achèvera à l’issue de l’élection présidentielle, d’ici au mois de mai. La démission de Beblawi et de son cabinet, le 24 février, a surpris ses propres ministres. Son explication, louant le travail accompli, a peu convaincu. Car la situation socio-économique n’a cessé de se détériorer ces derniers mois. Grèves, pénuries et violences s’intensifient. Un constat aux allures de désaveu pour Abdel Fattah al-Sissi, présenté en juillet en sauveur de l’État. Bien que le maréchal reste le candidat favori – bien que non déclaré – de la prochaine élection, Beblawi pourrait avoir servi de fusible à l’armée. Explication de Sophie Pommier, directrice du cabinet de conseil Méroé, spécialisé dans le monde arabe : "J’y vois une stratégie des militaires pour faire porter aux seuls démissionnaires la responsabilité du marasme actuel."

Un digne représentant de l’ère Moubarak

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Pour les partisans de Sissi, un sang neuf était nécessaire, et Ibrahim Mahlab saura rétablir la stabilité indispensable à l’organisation du scrutin. Cet ingénieur de 65 ans qui a dirigé onze ans durant le géant des BTP The Arab Contractors est réputé pragmatique et dynamique. Mais ses opposants retiennent surtout qu’il est un digne représentant de l’ère Moubarak. Ex-cadre du parti du raïs, il avait été nommé sénateur en 2010. "En matière d’image, ajoute Sophie Pommier, la nomination d’un ponte de la construction, le secteur le plus associé à la corruption sous Moubarak, risque d’être mal perçue." Dans sa première allocution, Mahlab a promis le retour de la sécurité, indispensable à la relance de l’économie. Comme un écho des discours de l’ancien régime, bien loin des chants de liberté de la place Al-Tahrir.

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