Égypte : Ibrahim Mahlab, tout pour le maréchal Sissi
Le nouveau Premier ministre égyptien, Ibrahim Mahlab, doit mener le pays à l’élection présidentielle. Objectif : dérouler le tapis rouge au maréchal Sissi.
Position précaire que celle de Premier ministre en Égypte. L’islamiste Hicham Qandil l’a occupée moins d’un an, avant la chute du président Mohamed Morsi, en juillet 2013. À peine huit mois plus tard, Hazem al-Beblawi, son remplaçant, vient de jeter l’éponge. Il laisse la place à Ibrahim Mahlab, ministre de l’Habitat sortant, dont le mandat s’achèvera à l’issue de l’élection présidentielle, d’ici au mois de mai. La démission de Beblawi et de son cabinet, le 24 février, a surpris ses propres ministres. Son explication, louant le travail accompli, a peu convaincu. Car la situation socio-économique n’a cessé de se détériorer ces derniers mois. Grèves, pénuries et violences s’intensifient. Un constat aux allures de désaveu pour Abdel Fattah al-Sissi, présenté en juillet en sauveur de l’État. Bien que le maréchal reste le candidat favori – bien que non déclaré – de la prochaine élection, Beblawi pourrait avoir servi de fusible à l’armée. Explication de Sophie Pommier, directrice du cabinet de conseil Méroé, spécialisé dans le monde arabe : "J’y vois une stratégie des militaires pour faire porter aux seuls démissionnaires la responsabilité du marasme actuel."
Un digne représentant de l’ère Moubarak
Pour les partisans de Sissi, un sang neuf était nécessaire, et Ibrahim Mahlab saura rétablir la stabilité indispensable à l’organisation du scrutin. Cet ingénieur de 65 ans qui a dirigé onze ans durant le géant des BTP The Arab Contractors est réputé pragmatique et dynamique. Mais ses opposants retiennent surtout qu’il est un digne représentant de l’ère Moubarak. Ex-cadre du parti du raïs, il avait été nommé sénateur en 2010. "En matière d’image, ajoute Sophie Pommier, la nomination d’un ponte de la construction, le secteur le plus associé à la corruption sous Moubarak, risque d’être mal perçue." Dans sa première allocution, Mahlab a promis le retour de la sécurité, indispensable à la relance de l’économie. Comme un écho des discours de l’ancien régime, bien loin des chants de liberté de la place Al-Tahrir.
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