Mali : RFI et France 24 réduites au silence par le régime d’Assimi Goïta

La haute autorité de la communication a annoncé que la suspension de la radio et de la télévision françaises devient définitive.

Les médias français sont sanctionnés après la publication d’informations selon lesquelles l’armée malienne était impliquée dans des exactions contre des civils. © KENZO TRIBOUILLARD/AFP

Publié le 28 avril 2022 Lecture : 2 minutes.

C’est un pas de plus dans l’escalade entre la France et le Mali. Déjà suspendue mi-mars, la diffusion de RFI et France 24 a été définitivement coupée mercredi 27 avril. France Médias Monde (FMM), maison mère des deux médias de l’audiovisuel public extérieur français, a réagi dans un communiqué, contestant « avec force une telle mesure » et promettant d’utiliser « toutes les voies de recours possibles ».

Le groupe a précisé avoir reçu la notification de cette décision de la Haute Autorité de la communication du Mali le 27 avril.

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« Nous continuerons de couvrir l’actualité au Mali, qui intéresse l’Afrique tout entière comme le reste du monde. Toutes les solutions techniques seront mises en œuvre pour rendre accessibles nos médias aux Maliennes et aux Maliens qui souhaitent continuer de recevoir une information libre, experte et ouverte sur le monde », poursuit FMM.

Exactions des Fama et de Wagner

La station et la chaîne étaient déjà coupées depuis mi-mars « sur le réseau FM pour RFI et par les opérateurs qui distribuent la télévision sur place pour France 24 », a précisé le groupe. En revanche, RFI restait « accessible par ondes courtes, un moyen technique très utilisé en Afrique, notamment par les populations éloignées des grandes villes », tout comme France 24 « par réception satellitaire directe ».

Les réseaux sociaux restaient également accessibles et les deux médias « vont bénéficier comme en Russie, en partenariat avec Reporters sans frontières, de sites internet miroirs via des adresses qui ne pourront pas être coupées par les autorités maliennes ».

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La junte avait ordonné le 17 mars la suspension des deux médias après la publication par RFI et France 24 d’informations selon lesquelles l’armée malienne était impliquée dans des exactions contre des civils, suite à la découverte un charnier dans la région de Niono. Le gouvernement malien avait dans la foulée annoncé engager « une procédure […] pour suspendre jusqu’à nouvel ordre la diffusion » des deux médias publics français.

Diffamation

Depuis lors, FMM se défend et va engager une « action en diffamation en France et au Mali, à la suite de la publication [d’un communiqué] dans lequel le gouvernement malien compare les agissements supposés de RFI et France 24 aux pratiques et au rôle tristement célèbres de la radio Mille Collines ».

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« Ces accusations, qui font référence à la radio ayant encouragé le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, en plus d’être totalement infondées, sont extrêmement graves et choquantes, portant atteinte à l’intégrité de RFI et France 24 comme à la sécurité des équipes », dénonce FMM.

La suspension définitive de RFI et France 24 intervient alors que la junte malienne a accusé l’armée française d’« espionnage » et de « subversion » après la diffusion par l’état-major français de vidéos tournées par un drone à proximité de la base de Gossi, dans le centre du Mali, récemment restituée par la France.

Sur fond de crise diplomatique avec Bamako, Paris a annoncé en février le retrait de ses soldats déployés au Mali, une opération qui s’achèvera cet été.

Avec AFP

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