Révision de la Constitution burkinabè : la réplique du parti présidentiel s’organise

Une quarantaine de formations se sont ralliées au parti présidentiel. Objectif : calmer le jeu et convaincre l’opposition de laisser les citoyens décider, par référendum, de la possibilité de réviser la Constitution.

Assimi Kouanda, secrétaire exécutif national du CDP. © DR

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Publié le 6 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

Burkina Faso : à plein régime
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Touché, mais pas coulé. Un temps ébranlé par les démissions en masse au sein du bureau politique du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le 4 janvier, et par la démonstration de force de l’opposition, le 18 janvier, dans les rues de la capitale, l’entourage du chef de l’État a rapidement réagi. "C’est un coup dur, admet un ministre proche du président, mais ce n’est pas la fin du monde. Nous avons perdu des cadres, mais rien ne dit que nous avons perdu des électeurs." Au siège du CDP, on martèle que "Ouagadougou n’est pas le Burkina", que "personne n’est irremplaçable". On parle même d’un "non-événement".

Le camp présidentiel a tout de même été contraint de revoir sa stratégie. Lors d’un meeting à Bobo-Dioulasso, le 11 janvier, la Fédération associative pour la paix avec Blaise Compaoré (Fedap-BC) devait lancer une pétition nationale réclamant un référendum pour modifier le fameux article 37 de la Constitution. Elle s’est finalement abstenue. "Ce n’est que partie remise", assurait son président, Adama Zongo, quelques jours plus tard. Le plan initial prévoyait un référendum au cours du premier semestre 2014. Il pourrait finalement n’avoir lieu qu’à la fin de l’année, voire au début de 2015. "Nous allons organiser des meetings dans les treize régions du pays pour convaincre les Burkinabè", poursuit Zongo, certain que "le oui l’emportera".

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Fin janvier, 37 partis ont créé un Front républicain

D’ici là, la direction du CDP en saura plus sur l’ampleur de l’hémorragie qui touche ses cadres. Dans l’ensemble, "on a plutôt limité la casse", se réjouit-on dans l’entourage de Compaoré. Certaines figures du parti à qui l’on prêtait des velléités de départ, comme Juliette Bonkoungou ou Ernest Paramanga Yonli, ont affiché leur soutien au président. Le gouvernement est resté solidaire. Pour le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, Compaoré a fait ses preuves. "Il est un gage de stabilité pour le pays et pour la sous-région, dit-il. Il est légitime qu’il puisse se représenter, quitte à être battu à la régulière, comme l’a été Abdoulaye Wade au Sénégal."

Pour organiser la riposte, Assimi Kouanda, le secrétaire exécutif national du CDP, a quitté le palais de Kosyam. Celui qui dirigeait le cabinet du président depuis de nombreuses années ne se consacre désormais plus qu’à son parti. Sa mission : arpenter le pays pour éviter de nouvelles défections et engager des négociations avec les partis susceptibles de rejoindre la mouvance présidentielle. Fin janvier, 37 partis, dont 12 qui se situaient jusqu’alors dans l’opposition, ont créé un Front républicain (FR) appelant à "la stabilité" – une manière de soutenir la candidature de Compaoré en 2015. Coprésidé par Assimi Kouanda et Hermann Yaméogo (fils du premier président du pays, qui navigue depuis des années entre majorité et opposition), ce front est censé contrecarrer les plans de l’opposition, qui, pour l’heure, apparaît unie. Le discours du FR est le même que celui du CDP : "C’est au peuple de décider si l’on doit modifier l’article 37 ou pas."

Au palais de Kosyam, on est cependant conscient que la plupart des partis qui constituent le FR ne pèsent pas grand-chose. "Nous négocions avec d’autres partis", explique un cadre du CDP. Principale cible : l’Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), la deuxième force politique du pays en nombre d’élus locaux et la troisième à l’Assemblée nationale. Mais son patron, Gilbert Noël Ouédraogo, est opposé à la modification de l’article 37. "Les discussions sont serrées", admet un négociateur.

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Pendant ce temps, Compaoré observe. Son entourage affirme qu’il ira jusqu’au bout. "Il n’a pas le choix, commente un homme d’affaires proche de la présidence. Il a écarté son dauphin désigné, Roch Marc Christian Kaboré, et l’hypothèse du petit frère, François Compaoré, a été abandonnée." Reste que, si la situation dégénère, "il peut aussi faire machine arrière", estime un diplomate en poste à Ouaga.

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