Mali : brouilles et réconciliations, qui sont les amis du président IBK ?
Garder de bons rapports avec ses prédécesseurs peut s’avérer utile pour le chef de l’État malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Mais certaines inimitiés ont la vie dure…
Un geste de courtoisie, une élégance protocolaire de chef d’État adressée à son prédécesseur… C’est en ces termes que fut présentée la présence de l’ancien président malien Moussa Traoré à l’investiture d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 4 septembre 2013 à Bamako. Ce jour-là, même la déclaration du président qualifiant le général Traoré de "bon démocrate" a été dédramatisée par ses proches comme "une simple maladresse". Néanmoins, IBK n’a pas manqué une seule occasion pour évoquer l’homme qu’il a combattu au nom même de la démocratie. Devenu une des références du président, Traoré lui prodiguerait "de sages conseils", selon un ancien ministre.
Que s’est-il donc passé pour que "le démocrate" et le militaire à poigne, qui a dirigé d’une main de fer le Mali pendant vingt-trois années, nouent une telle complicité ? Pour IBK, l’expérience de son prédécesseur pourrait être d’une grande utilité, notamment sur deux plans : la question du Nord et son expertise sur la chose militaire. De son côté, Traoré vit ce retour sur le devant de la scène comme une réhabilitation, lui qui a connu la prison et un procès très médiatisé.
Entre IBK et Dioncounda Traoré, les relations sont moins intenses et se réduisent au strict minimum. Les fortes rivalités qui avaient opposé les deux hommes à l’époque de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) ont laissé des plaies ouvertes. À Bamako, un ancien ministre d’Amadou Toumani Touré (ATT) soutient qu’à ce contentieux historique s’est ajoutée la volonté de l’actuel président d’auditer la transition assurée par son prédécesseur. Les liens entre les deux hommes ne sont cependant pas complètement rompus, et ils n’hésitent pas à se parler dès qu’une occasion se présente.
Rien ne va plus
En revanche, entre IBK et Alpha Oumar Konaré (AOK), rien ne va plus. Le premier président malien démocratiquement élu n’est pas venu à l’investiture de son successeur et ne lui a guère adressé de message pour le féliciter. IBK a longtemps été le bras droit d’AOK : directeur de campagne, porte-parole, conseiller diplomatique, ministre des Affaires étrangères, et Premier ministre pendant six ans. En 2000, ce fut la rupture. Alors qu’il se considérait comme le dauphin naturel, IBK découvre que son mentor le place au même niveau que ses futurs rivaux à la présidentielle de 2002, Soumaïla Cissé et ATT. IBK claque alors la porte de l’Adema et crée le Rassemblement pour le Mali (RPM), résolu à devenir président. Près d’une quinzaine d’années plus tard, les nombreuses tentatives de rapprocher les deux hommes ont toutes échoué. À ce différend se serait greffée l’inimitié qui sépare leurs épouses, Aminata Maïga Keïta et l’historienne Adame Ba Konaré.
Difficile également d’entrevoir une réconciliation entre le président et ATT. IBK continue de considérer qu’ATT lui a "volé" sa victoire lors de la présidentielle de 2002. Il n’a pas non plus digéré sa cuisante défaite face au même adversaire en 2007, qui avait recueilli 71,2 % des voix, contre seulement 19 % pour lui. Autre motif de contentieux : les investigations menées en 2011 au sujet des véhicules de l’Assemblée nationale, présidée par IBK. Ce dernier y a vu une opération commanditée par le Palais de Koulouba pour lui nuire et l’éliminer politiquement. Et ce ne sont certainement pas les poursuites engagées pour "trahison" contre ATT, réfugié au Sénégal, qui viendront apaiser les choses…
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