Terrorisme – Merouane Azzi : « L’État algérien a gracié des gens mais n’a enrichi personne »

Le président de la Cellule d’assistance judiciaire pour l’application des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale fait le point sur la politique antiterroriste algérienne et de concorde civile menée ces dernières années.

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Publié le 6 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

JEUNE AFRIQUE : Combien de terroristes ont été abattus depuis 1992 ?

MEROUANE AZZI : Environ 17 000 jusqu’à 2006, date du début de l’application de la Charte pour la paix et la réconciliation. Il est difficile d’avoir une comptabilité exhaustive pour les huit dernières années, mais nous savons que 412 activistes ont été éliminés en 2012 et 2013.

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Combien sont encore en activité ?

Il est très compliqué d’évaluer leur nombre, et vous conviendrez que la question est sensible.

Et combien ont été graciés ?

Quelque 6 200 éléments de l’AIS [Armée islamique du salut] et de la Lidd [Ligue islamique pour la prédication et le djihad] ont bénéficié des mesures de la concorde civile. À ceux-là s’ajoutent 9 000 terroristes [prisonniers, repentis, membres des réseaux de soutien] graciés dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation. Au final, ils sont donc 15 200 individus.

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Des auteurs de massacres ont été graciés sans être jugés…

Jamais ! Les membres des groupes terroristes qui ont posé des bombes, perpétré des massacres ou commis des viols ne bénéficient pas d’extinction de peine. D’ailleurs, la presse fait régulièrement état de procès ouverts contre des individus poursuivis pour des actes terroristes. La justice a traité et traite les dossiers au cas par cas.

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Qu’en est-il des anciens terroristes soupçonnés d’avoir bâti des fortunes avec l’argent amassé dans le maquis ?

Certains sont en effet descendus avec l’argent du racket, de kidnappings et de vols. J’ai demandé à la justice et aux services de mener des enquêtes pour déterminer l’origine de ces fortunes supposées qu’évoquent la presse et l’opinion publique. Mais je peux vous assurer que l’État n’a pas enrichi les terroristes qui ont bénéficié des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.

Quelle est la nature des aides fournies par l’État aux familles des anciens jihadistes ?

Par mesure de solidarité, l’État a octroyé aux familles de terroristes abattus une indemnité allant de 1,3 million à 1,7 million de dinars [entre 12 000 et 16 000 euros environ]. Dans chaque wilaya il existe une commission qui statue sur les dossiers en laissant le choix aux familles entre une pension mensuelle et un capital décès.

Combien d’enfants sont nés dans les maquis ?

Nous en avons recensé 500. Ils ne bénéficient pas de l’aide des autorités, et les procédures d’identification et de reconnaissance de paternité sont extrêmement compliquées. Le cadre juridique qui permettrait de régulariser leur statut vis-à-vis de l’état civil n’existe pas encore. 

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