Corée du Nord : catalogue d’atrocités
Exécutions, esclavage, tortures, avortements forcés : une commission d’enquête de l’ONU dresse un inventaire accablant des violations des droits de l’homme commises par la Corée du Nord.
"On ne pourra pas dire, comme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : "Nous ne savions pas."" Les paroles de Michael Kirby sont sans appel. Sous sa présidence, une commission d’enquête mandatée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies et composée de juristes a en effet établi un rapport accablant, publié le 17 février, sur la situation des droits de l’homme en Corée du Nord.
Basée sur des témoignages recueillis auprès de transfuges passés en Corée du Sud, cette enquête est la plus complète jamais compilée sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Exécutions, meurtres, esclavage, tortures, viols, avortements forcés, actes inhumains… La liste des "violations systématiques, généralisées et grossières des droits de l’homme" énumérées dans le document de 372 pages est glaçante. Pour Michael Kirby, "elle rivalise avec les pires atrocités nazies".
La commission d’enquête recommande la saisine de la Cour pénale internationale. Ses cibles : le jeune leader Kim Jong-un, mais aussi la Chine, jugée complice notamment car elle rapatrie les fugitifs nord-coréens appréhendés sur son sol, les condamnant de facto à être envoyés dans des camps. Accusation aussitôt réfutée par Pékin, allié historique de Pyongyang, qui a déclaré que seul un dialogue "sur un pied d’égalité" permettrait de "résoudre ces questions". Les autorités nord-coréennes, de leur côté, ont qualifié l’enquête de "mensonge total basé sur des preuves fabriquées par des forces hostiles". Et traité les témoins de "racailles humaines".
"Ils ont fait de moi un être inhumain"
Joint par téléphone en Corée du Sud le 19 février, Junhong, 24 ans, qui a fui la RPDC il y a deux ans, raconte : "Ma mère a été violée par un garde du camp. Neuf mois plus tard, elle a accouché. J’avais 12 ans. Ils m’ont obligé à regarder. Le bébé a crié puis un garde a tendu un sac plastique à ma mère. Il l’a insultée, frappée et elle a enfermé mon petit frère dans le sac. Je n’ai rien dit. Rien ressenti. Rien fait. J’étais persuadé que le garde avait raison. C’est ce que j’avais appris à l’école du camp. La douleur n’est rien. Ce que je reproche à Kim Jong-il [le père et prédécesseur de Kim Jong-un], c’est d’avoir fait de moi un être inhumain." Aujourd’hui, 80 000 à 120 000 prisonniers politiques seraient détenus dans les quatre principaux camps du pays.
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