Maroc – Mehdi Bensaïd : « Notre culture n’a rien à envier au reste du monde »
Le ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication est déterminé à réconcilier les jeunes du royaume avec leur histoire. Entretien.
Bien qu’il récuse l’expression, Mehdi Bensaïd, 38 ans, a le nationalisme chevillé au corps. Quelques semaines à peine après avoir été nommé, en octobre, ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, il se fendait de déclarations fracassantes appelant à rouvrir le débat sur l’origine du couscous, et même à doter ce plat ancestral du label Maroc. Une démarche qui a pu être perçue comme une provocation, moins de deux ans après que ce mets soit entré au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, à l’issue d’une candidature conjointe des quatre pays d’Afrique du Nord : l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Mais qui n’a pas surpris ceux qui suivent, depuis plusieurs années, le parcours de cet ancien député du Parti Authenticité et Modernité (PAM).
Dès ses débuts politiques, alors qu’il présidait le Cercle des jeunes démocrates (association ancêtre du PAM), Mehdi Bensaïd s’était illustré par sa fibre identitaire en mobilisant plusieurs centaines de jeunes pour créer, à Dakhla, en 2010, le plus grand drapeau du monde. Une opération qui avait permis d’inscrire le royaume au Guinness des records. Douze ans plus tard, devenu ministre au sein du gouvernement Akhannouch, Bensaïd se dit déterminé à réconcilier la jeunesse marocaine avec son histoire et sa culture, et à rompre avec cette antienne qui veut que « le Marocain ne s’aime pas ».
Jeune Afrique : À peine nommé ministre de la Culture, vous avez procédé au recensement du patrimoine immatériel du royaume. Et un accord pour la création du label Maroc a été signé le 18 avril. Dans quel but ?
Mehdi Bensaïd : L’objectif aujourd’hui, en partenariat avec le ministère du Tourisme, est de labelliser tout le savoir-faire marocain, qu’il soit matériel ou immatériel. Pour les aspects culturels – préserver notre histoire et nos coutumes –, mais aussi pour protéger notre artisanat, d’un point de vue commercial.
Ce label va contribuer à promouvoir notre savoir-faire et soutenir nos artisans, d’autant que nous nous sommes aperçu que des sociétés étrangères utilisent les appellations marocaines, type « zellige de Fès », sans verser de contrepartie au royaume. Pourtant, si quelqu’un veut utiliser l’appelation d’origine contrôlée (AOC) Bordeaux ou le nom « Tour Eiffel » pour vendre un produit qui n’a rien à voir, il ne le pourra pas le faire.
Plusieurs labels existent déjà, en particulier sur le volet artisanat. N’est-ce pas redondant ?
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