Moqtada Sadr : imam à éclipses

Le leader chiite irakien, coutumier des disparitions inexpliquées, annonce son retrait de la vie politique… à deux mois des législatives.

Moqtada Sadr, le 18 février à Nadjaf. © AFP

Moqtada Sadr, le 18 février à Nadjaf. © AFP

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 25 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Une simple note manuscrite publiée sur son site internet a jeté l’Irak dans la stupeur et ses milliers de partisans dans l’affliction. Le 16 février, l’imam Moqtada Sadr, puissant leader chiite, annonçait : "Je n’interviens plus dans les affaires politiques et il n’y a plus de bloc qui nous représente à partir de maintenant au gouvernement ou au Parlement." Jusqu’à cette dissolution surprise, son parti comptait pourtant 40 députés (sur 325) et 6 ministres.

À deux mois des législatives, cette décision suscite bien des interrogations. D’autant que, deux jours après s’être engagé à ne plus intervenir en politique, Sadr appelait les Irakiens "à participer en masse aux élections pour que le gouvernement ne tombe pas aux mains de personnes malhonnêtes", qualifiant Nouri al-Maliki, le Premier ministre, de tyran. Pour justifier son geste, le religieux a invoqué la nécessité de préserver la réputation familiale et de mettre fin à la corruption qui a gangrené son mouvement. Mais on cite aussi, pêle-mêle, son hostilité à l’égard du chef du gouvernement, une perte de popularité que le prochain scrutin pourrait révéler, sa position incertaine dans la guerre qui fait rage entre tribus sunnites et forces de sécurité du chiite Maliki, son souhait de se replonger dans ses pieuses études ou encore une tactique pour mieux revenir.

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Il doit son influence au prestige de sa famille

Car le personnage se nimbe de mystère, disparaissant régulièrement – comme cela s’est encore produit quelques semaines cet automne. Jeune (40 ans) et d’un rang peu élevé dans la hiérarchie cléricale chiite, il doit surtout son influence au prestige de sa famille : son turban noir rappelle qu’il est un descendant du Prophète, et son père, Mohamed Sadeq Sadr, ainsi que son oncle Mohamed Baqer Sadr, tous deux de puissants ayatollahs, ont été assassinés par Saddam Hussein. À la chute de celui-ci, en 2003, Moqtada a établi son fief dans un quartier déshérité de Bagdad, Sadr City, mais c’est sur le terrain militaire, à la tête des 60 000 miliciens de l’armée du Mahdi, qu’il s’est distingué en combattant les Américains. Réputés prêts à se sacrifier pour lui, ses dizaines de milliers de disciples le laisseront-ils retourner à ses théologales méditations ?

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