Chine: des décharges électriques pour « soigner » l’homosexualité
Cinq cliniques pékinoises proposent une thérapie de choc pour « soigner » les gays : électrodes sur les parties génitales et décharge électrique. Vous avez dit torture ?
En Chine, trente millions d’homosexuels sont encore trop souvent vus comme des malades mentaux qu’il convient de soigner. À Pékin, le centre lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels (LGBT) vient de lancer une campagne pour sensibiliser l’opinion aux véritables tortures qui leur sont imposées – ou qu’ils s’imposent parfois à eux-mêmes. Le mois dernier, une manifestation a eu lieu devant l’une des cinq cliniques de Pékin qui proposent une thérapie à base de décharges électriques.
Cette technique existe depuis le début du XXe siècle mais a vite été abandonnée en Occident. Très critiquée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle est aussi simple que douloureuse. On applique des électrodes sur les parties génitales du patient en lui projetant un film pornographique ; s’il réagit aux images, il reçoit une décharge électrique. "Après chaque décharge, le patient interrompt ses pensées et se démarque de ses fantasmes", lit-on sur le site internet de la clinique Haiming, qui facture ce traitement plusieurs centaines d’euros. Les sessions durent trente minutes et sont réalisées à plusieurs jours d’intervalle. Selon l’un des spécialistes de la clinique, cette méthode choc n’est utilisée que pour "les cas les plus graves".
En Chine, la pression sociale et familiale est si forte que nombre de gays préfèrent cacher leur orientation sexuelle. On estime que huit sur dix choisissent de se marier avec une personne du sexe opposé. Certains poussent d’eux-mêmes la porte de ces cliniques. L’un de ces patients s’est récemment confié à la presse : "Je pensais qu’il fallait que j’essaie ça, pour voir si j’avais une chance de devenir une personne normale."
Des millions d’enfants uniques portent tous les espoirs d’une famille
Zhang, 25 ans, assure s’être payé lui-même ces sessions car il refusait d’affronter le regard de ses proches. Comme lui, des millions d’enfants uniques portent tous les espoirs d’une famille. Se marier et avoir une descendance est pour eux un passage obligé. Zhang a perdu toute libido et traverse une grave dépression. Il s’est endetté pour payer les frais médicaux, et sa famille ne lui parle plus.
Le centre LGBT de Pékin demande aux autorités d’annuler les licences de ces cliniques. Certaines d’entre elles sont disposées à renoncer aux électrodes, mais continuent de croire que l’orientation sexuelle peut être corrigée. Elles proposent ainsi des méthodes plus douces à base de "conseils psychologiques" et d’antidépresseurs. "Tout cela n’est qu’une affaire d’argent, explique Wei Xiaogang, un activiste gay. Beaucoup d’homosexuels en détresse sont prêts à tout." On l’aura compris : la Longue Marche des homosexuels chinois est loin, très loin d’être terminée.
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