Cameroun : les Ambazoniens et le business du kidnapping

Extorsions, enlèvements, rançonnages… Comment des mouvements sécessionnistes se financent grâce à la prédation.

Bamenda, au Cameroun. © DR

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Publié le 9 mai 2022 Lecture : 5 minutes.

La voix est hésitante et l’anglais, un brin laborieux. « Moi, Regina Mundi, Ambazonienne de naissance et de nationalité, m’exprime aujourd’hui, le 30 avril 2022 […]. Je demande à tous de joindre la lutte pour bouter la République [du Cameroun] hors d’Ambazonie. »

Enlevée le jour même à Bamenda, dans la province du Nord-Ouest, la sénatrice n’a manifestement pas écrit le texte qu’elle lit face à ses ravisseurs – elle en escamote d’ailleurs une ligne. Filmée par les Ambozonian Defence Forces (ADF), Regina Mundi siège à la chambre haute du Parlement et porte les couleurs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir.

Menaces d’exécution

En échange de sa libération, les preneurs d’otage exigent le ralliement de tous les dignitaires anglophones ainsi que la libération de 75 personnes incarcérées dans différentes prisons du pays. Selon nos informations, ils menacent d’exécuter la parlementaire le 20 mai prochain, jour de la fête nationale du Cameroun, laquelle commémore l’unification des territoires d’expressions anglaise et française.

La suite de la vidéo consiste en un long commentaire autosatisfait d’un cadre des ADF, mouvement dirigé à distance par Ayaba Cho, chef de guerre sécessionniste réfugié en Norvège. C’est lui qui, en mars dernier, s’était présenté sur son compte Twitter comme le commanditaire de l’attentat d’Ekondo-Titi. Perpétré au moyen d’un engin explosif improvisé, il a tué sept personnes, dont le sous-préfet et le maire de cette ville du Sud-Ouest.

En coulisses, ils négocient des rançons contre les libérations. C’est ainsi qu’ils financent l’entretien des troupes et l’achat des armes

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