Libye – Procès Kadhafi : HRW met Tripoli au pilori

Mauvais traitements, non-respect des droits de la défense : Human Rights Watch critique sévèrement la procédure visant plusieurs piliers du régime Kadhafi, dont Seif el-Islam.

Une partie des 37 prévenus lors d’une audience préliminaire en septembre 2013. © AFP

Une partie des 37 prévenus lors d’une audience préliminaire en septembre 2013. © AFP

Publié le 18 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Dans l’attente de leur procès, quatre hauts dignitaires du régime de Mouammar Kadhafi, dont son fils Seif el-Islam, sont toujours détenus à Tripoli et à Zintan dans des conditions dénoncées par l’ONU et différentes ONG. Human Rights Watch, qui a rencontré fin janvier Seif el-Islam Kadhafi (41 ans), les ex-Premiers ministres Abou Zeid Dorda et Baghdadi Mahmoudi (tous deux âgés de 69 ans), ainsi qu’Abdallah Senoussi (65 ans), ancien chef des renseignements intérieurs, exhorte ainsi Tripoli à faire "davantage d’efforts" pour leur assurer un traitement équitable. "Leur procès n’aura pas plus de crédibilité qu’un tribunal de pacotille si les autorités ne leur accordent pas le droit fondamental à des procédures régulières", a estimé Nadim Houry, directeur adjoint de l’ONG pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Hormis Seif el-Islam, ces caciques de l’ancien régime sont incarcérés à la prison d’El-Hadba el-Khadra, à Tripoli, contrôlée par le ministère de la Justice. Senoussi et Dorda sont à l’isolement, dans des cellules de trois mètres sur quatre, tandis que Mahmoudi partage un espace exigu avec quatorze détenus.

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Le fils de l’ex-Guide est, lui, retenu dans un lieu tenu secret, à Zintan (sud-ouest de Tripoli). Une dent de devant manquante, deux doigts de la main droite en moins, il ne s’est pourtant pas plaint de sa santé, mais a dit avoir été contraint par la force d’avouer des crimes de guerre, des viols et sa participation à un trafic de drogue.

Certains avocats n’auraient pas pu examiner le dossier d’accusation intégralement

Les puissantes milices de Zintan font fi des demandes de transfert de la Cour pénale internationale, qui veut le juger pour crimes contre l’humanité, mais aussi de Tripoli, où il a été inculpé, le 24 octobre dernier, avec Senoussi, Dorda, Mahmoudi et 33 autres membres du régime Kadhafi, pour des crimes commis lors du soulèvement de 2011.

Le dossier d’accusation, que les avocats de certains des 37 accusés n’auraient pas pu examiner en intégralité, comprend 70 000 pages de preuves et 4 000 de témoignages. Les quatre détenus rencontrés par l’ONG n’ont pu ni prendre connaissance des éléments retenus contre eux, ni s’entretenir en privé avec leurs défenseurs. Si certains sont assistés par des conseils désignés par leur famille ou des proches du clan Kadhafi, Abdallah Senoussi et Seif el-Islam disent n’avoir pas eu la possibilité de choisir les leurs. À propos de ses deux défenseurs commis d’office, ce dernier lâche : "Je ne les connais pas. Je n’ai pas d’avocat. Seul Dieu est mon avocat."

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