Sexe, Rolex et Ferrari

Leurs épouses ont des goûts de luxe. Alors, nombre de maires et de parlementaires se montrent peu regardants sur les moyens d’augmenter leurs revenus. Et les condamnations se multiplient.

Maureen et Bob McDonnell pendant leur procès, le 24 janvier. © MARK WILSON/AFP

Maureen et Bob McDonnell pendant leur procès, le 24 janvier. © MARK WILSON/AFP

Publié le 12 février 2014 Lecture : 3 minutes.

Les États-Unis, c’est entendu, sont un pays profondément religieux. Pourquoi faut-il que leurs élus succombent aussi facilement au péché ? Un film fort édifiant vient de sortir sur les écrans américains. American Bluff, c’est son titre, évoque un scandale qui, au début des années 1980, envoya sept parlementaires derrière les barreaux. Eh bien, force est de constater que leurs lointains successeurs n’ont rien, vraiment rien à leur envier.

Prenez Bob McDonnell, l’ancien gouverneur républicain de la Virginie. Le problème de ce brave homme, c’est Maureen, son épouse, dont les goûts de luxe sont de notoriété publique : elle ne se déplace qu’en Ferrari ou en jet privé, et peut, en un après-midi de shopping, dépenser jusqu’à 20 000 dollars (14 800 euros). Un jour, dans un élan de folle générosité, elle a même offert à son mari une Rolex en argent ! Quelle importance ? Ces dispendieux caprices étaient financés par un richissime homme d’affaires, roi des compléments alimentaires. En échange, McDonnell jouait les supers VRP pour les produits de la marque… Il répond aujourd’hui de ses actes devant une juridiction fédérale.

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Une femme est également à l’origine de la chute de Jesse Jackson Jr, fils du révérend Jesse Jackson, grande figure de la lutte pour les droits civiques et ancien candidat à la présidentielle. Élu de Chicago à la Chambre des représentants, cet ex-grand espoir noir du Parti démocrate a été condamné en août 2013 à trente mois de prison. Motif ? Il avait détourné 750 000 dollars de son trésor de campagne afin de financer son train de vie somptuaire (une Rolex à 43 000 dollars, notamment). Il souffre aujourd’hui de dépression chronique et explique que c’est Sandra, son épouse, qui l’a poussé à s’engager en politique. Pas rancunier, il la couvrait de manteaux de fourrure. Mais la belle n’a pas échappé aux foudres de la justice : douze mois de réclusion pour avoir omis de déclarer 580 000 dollars au fisc.

Les élus locaux ne sont pas plus vertueux. Kwame Kilpatrick, l’ancien maire de Detroit élu en 2001 à l’âge de 31 ans, a été condamné l’an dernier à vingt-huit ans de prison pour extorsion de fonds, racket et corruption – pratiques délictueuses qui ont sans doute accéléré la banqueroute de Motor City. De même, le procès pour corruption de C. Ray Nagin, l’ancien maire de La Nouvelle-Orléans, vient de commencer. Si l’édile venait à être condamné, son nom s’ajouterait à la longue liste des élus "ripoux" de la Louisiane. L’un d’eux, le représentant démocrate William Jefferson, dissimulait 90 000 dollars en petites coupures dans son réfrigérateur – il a été condamné en 2009. Autre État particulièrement corrompu : l’Illinois. Rod Blagojevich, son ancien gouverneur, purge une peine de quatorze ans de prison pour avoir tenté de vendre le siège de sénateur libéré par Barack Obama après son élection à la présidence. Quatre des sept derniers gouverneurs ont d’ailleurs été condamnés pour malversations. Dans l’ensemble du pays, selon une étude récente, plus de la moitié des membres du Congrès sont aujourd’hui millionnaires – fait sans précédent dans l’histoire de la démocratie américaine.

Trey Radel : alcool et cocaïne

Si la vénalité est le péché favori des élus, il est loin d’être le seul. Trey Radel, l’ancien représentant républicain de la Floride, a ainsi plaidé coupable en 2013 pour l’achat de 3,5 g de cocaïne. Également alcoolique, il vient d’annoncer sa démission. Enfin, comment ne pas évoquer la grosse colère piquée par Michael Grimm, un représentant républicain de New York ? La scène a eu lieu à Washington, le 28 janvier, devant la rotonde du Capitole. L’élu a menacé un journaliste d’une télévision locale de le "balancer par le balcon" et de le "casser en deux". Son interlocuteur avait eu l’indélicatesse de l’interroger à propos d’une enquête fédérale en cours sur la provenance de ses fonds de campagne… Mauvaise idée. Grimm, qui est un ancien marine, a la tête près du bonnet. Il y a quelques années, il avait été interpellé dans un night-club du Queens alors qu’il brandissait un revolver !

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