J.O. de Sotchi : quand les flonflons se seront tus…

Publié le 13 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Le coût des Jeux d’hiver échappe à tout contrôle, et, pour protester contre l’indifférence de la Russie aux droits de l’homme, plusieurs dirigeants étrangers ont boycotté la cérémonie d’ouverture. Mais qu’importe : Poutine espère que les flonflons de la fête l’aideront à accréditer l’idée que son pays est de retour sur le devant de la scène. Et que la récente libération de dissidents incitera les Occidentaux à mettre une sourdine à leurs récriminations.

Vue du Kremlin, la politique étrangère est un jeu sans vainqueur ni vaincu dans lequel l’Otan, l’Union européenne et la Russie s’affrontent à l’infini. Dans cette nouvelle mouture de la guerre froide, l’intégration économique de l’Ukraine au camp occidental serait considérée comme une défaite. La chute du Syrien Bachar al-Assad aussi. Même le développement des relations commerciales entre l’Arménie et l’Europe inquiète : ne risque-t-il pas d’ébranler le contrôle que la Russie exerce sur l’espace postsoviétique ?

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Le pays de Vladimir Poutine n’a aucun ami sûr. Seulement des affidés et des alliés de circonstance. Personne n’a envie de lui ressembler ; sa puissance est celle d’un aérofrein. Son immense vanité amène le président à jeter un voile pudique sur la faiblesse de la Russie. Tandis qu’il roule des mécaniques à Sotchi, le déclin économique de cette dernière se poursuit. Ses handicaps sont légion : population vieillissante dont l’importance numérique se réduit ; infrastructures vétustes ; économie archaïque ; corruption endémique et absence d’État de droit. La chute des prix des hydrocarbures et le ralentissement de la croissance ne contribuent certes pas à la résolution de ces problèmes. La Russie a promis à l’Ukraine des milliards de dollars qu’elle sera incapable de lui verser avant longtemps.

Il y a pourtant des moments où Poutine semble presque disposé à admettre ces déplaisantes réalités. Récemment, il a reproché à son gouvernement son impuissance à endiguer l’exil des capitaux. Et demandé des sanctions contre les entreprises qui investissent dans des paradis fiscaux. C’est peut-être d’ailleurs une autre raison de l’élargissement de Khodorkovski. Le maintien en détention de l’ex-oligarque constituait en effet un rappel désastreux à l’adresse des investisseurs : il suffit d’un geste du Kremlin pour que leurs avoirs soient confisqués.

Khodorkovski a été libéré le 20 décembre 2013. Mais rien n’a changé. Le 19 décembre, Poutine a une nouvelle fois entonné sa vieille rengaine : l’effondrement de l’URSS serait à l’en croire l’une des grandes tragédies du XXe siècle. Comme si la vraie calamité n’était pas qu’une autocratie sans foi ni loi ait réussi à faire main basse sur la Russie !

© Financial Times et Jeune Afrique 2014, tous droits réservés. 

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