Ncuti Gatwa, un « Doctor Who » venu du Rwanda

Après son succès dans « Sex Education », l’acteur britannique d’origine africaine devient le premier Noir à interpréter le personnage principal de la série culte « Doctor Who ». Une victoire communautariste ?

 © Damien Glez

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Publié le 10 mai 2022 Lecture : 2 minutes.

Bonne nouvelle pour les statisticiens qui listent les rôles d’envergure accordés à des comédiens à fort taux de mélanine, notamment de personnages déjà interprétés par des Caucasiens, et en particulier quand le nouvel acteur est d’origine africaine. L’Écossais de 29 ans, Ncuti Gatwa, est né au Rwanda. La chaîne de télévision britannique BBC vient d’annoncer qu’il incarnera le personnage principal de Doctor Who, la série de science-fiction qui fêtera, l’année prochaine, les 60 ans de sa première diffusion. Le feuilleton est à ce point culte que le casting du premier rôle est toujours un événement, et celui-ci est, cette fois, historique, Ncuti Gatwa étant le premier Noir à endosser le costume du Docteur, cet extraterrestre de la race des « Time Lords » qui voyage en vaisseau spatio-temporel.

Quête parallèle

L’obtention de rôle phare de l’audiovisuel occidental semble être une quête parallèle des Noirs et des femmes. C’est d’ailleurs l’actrice Jodie Whittaker qui transmet le flambeau à Ncuti Gatwa. Il y a quelques mois, un nouvel agent 007, lui aussi culte et britannique, était incarné par Lashana Lynch, à la fois femme et noire. Mais si elle endossait le matricule de l’espion, ce n’était pas précisément dans la peau de James Bond. Certains bookmakers imaginent que ce dernier pourrait être prochainement joué par les « Blacks » René-Jean Page – Britannico-Zimbabwéen – ou Alfred Enoch – d’origines notamment brésilienne et barbadienne.

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Si Ncuti Gatwa joue le jeu de la grande famille de l’audiovisuel, en s’enthousiasmant publiquement de son nouveau rôle « vraiment incroyable », il a déjà connu le succès avec la série Sex Education. De même, l’attribution du personnage de Doctor Who à un Noir n’est pas si inattendue, le scénario prévoyant une régénérescence de l’extraterrestre sous différentes apparences.

Gardiens du temple

Les gardiens d’une prétendue authenticité scrutent davantage les rôles formellement définis, à l’écriture, comme noirs ou blancs. Rien de précis, sur ce point, à la définition de Catwoman interprétée, au bout de quelques adaptations, par la métisse Halle Berry ou à celle de Kojak, réincarné par l’Africain-Américain Ving Rhames. Quant à Omar Sy et Michael B. Jordan, ils n’interprètent ni le rôle d’Arsène Lupin ni celui de Rocky Balboa dans leurs productions respectives Lupin et Creed. Le « Superman noir » annoncé depuis 2021, lui, ne serait pas la version du journaliste Clark Kent mais celle d’un autre kryptonien, Calvin Ellis.

Plus grognons furent les gardiens du temple « blanc », lorsque Omar Sy joua, de façon peut-être anachronique, le docteur Knock. Et les gardiens du temple « noir », quand le Caucasien Gérard Depardieu interpréta l’écrivain quarteron Alexandre Dumas.

Au final, l’objectif de la communauté cinématographique africaine-américaine est-il d’infuser la culture blanche en marchant sur les plates-bandes d’anciens rôles blafards ? De la dernière décennie audiovisuelle, on retient surtout le succès planétaire de Black Panther qui n’est pas, lui, la énième resucée d’un mythe blanc flétri…

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