Maroc : l’angoisse du manque
« Algérie-Maroc : la guerre du gaz » (3/3). Depuis la fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe par Alger, l’État marocain est tout entier mobilisé pour sécuriser l’approvisionnement du pays.
Dans le royaume, la sécurité énergétique est aujourd’hui la priorité numéro un. « Depuis qu’Alger a coupé le robinet du gaz à son voisin en octobre 2021, les autorités marocaines réfléchissent beaucoup à la question. Avec la guerre en Ukraine et la flambée des prix du pétrole et du gaz, je ne connais aucun gouvernement qui ne soit pas inquiet », souligne Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste des politiques énergétiques.
Et pour cause : le Maroc importe 90 % de ses besoins en énergie, dont une grande part d’énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel…). Une dépendance qui pèse lourd dans le budget de l’État : pour l’année 2022, la facture devrait s’élever à 47,7 milliards de dirhams (environ 4,45 milliards d’euros).
Le pays consomme en moyenne 1 milliard de m³ de gaz naturel par an, utilisé à 89,3 % pour la production d’électricité, soit une part d’environ 10 % dans le mix électrique total. Or, depuis la fermeture du Gazoduc Maghreb-Europe (GME), les deux centrales électriques à gaz de Aïn Beni Mathar et de Tahaddart sont totalement à l’arrêt. D’ici à 2025, le royaume estime avoir besoin de 5 milliards de m³ de gaz naturel par an, considéré comme un levier optimal dans sa transition énergétique. Pour le reste de sa production électrique, le Maroc s’appuie sur le charbon (qui couvre plus de la moitié de ses besoins), et les énergies renouvelables (36 %, avec un objectif de 52 % d’ici à 2030).
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