Mossadeck Bally : « Au Mali, même les opérateurs privés voient leurs transferts bloqués »
Devant les difficultés engendrées par l’embargo de la Cedeao, le Grain, une organisation de la société civile, presse l’État d’accélérer les réformes. Entretien avec son président, également fondateur du groupe hôtelier Azalaï.
Ils sont avocats, médecins, chefs d’entreprises, anciens ministres ou diplomates. Depuis deux ans, 76 acteurs de la société civile malienne ont formé un think tank, le Groupe de réflexions, d’actions et d’initiatives novatrices (Grain). Ses membres se retrouvent pour des conférences et des webinaires sur des thèmes tels que l’industrie extractive ou le rôle de la société civile, mais aussi pour auditionner des leaders politiques quant à leurs projets pour le pays.
Le 15 avril, le Grain a publié un communiqué dans lequel il déplore les conséquences des sanctions économiques à l’encontre du Mali décidées par la Communauté économiques des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et exhorte les autorités de la transition « à reprendre l’initiative en prenant des décisions constructives et urgentes visant à sortir de l’impasse actuelle ».
Jeune Afrique a interrogé Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier Azalaï et président du Grain, dont le bureau exécutif comprend aussi Jamila Ben Baba-Ferjani, fondatrice et présidente du conseil d’administration de Laham Industrie, Youba Sokona, vice-président malien du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), Fatoumata Sidibe-Diarra, avocate à la tête du cabinet FSD Conseils, et Moustapha Soumaré, ancien représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations unies.
Jeune Afrique : Dans son communiqué, le Grain dénonce les « conséquences préjudiciables des sanctions pour l’économie du pays, le bien-être de la population et les relations avec les partenaires » financiers. Quelle est la situation actuelle ?
Mossadeck Bally : Le mois de ramadan a été très difficile. La crise ukrainienne a, comme ailleurs, fait monter les prix des engrais et du carburant, devenus plus rares. Et ce, alors que pays traverse déjà une crise depuis une décennie, entre les menaces sécuritaires, les deux coups d’État à quelques mois d’intervalle, la pandémie, qui a provoqué dix mois de fermeture du pays, et cet embargo, qui engendre une hausse des prix, ou, parfois, lui sert de prétexte.
Comme les banques commerciales du pays avaient toutes souscrit aux bons du Trésor maliens, elles se trouvent fragilisées
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