Cameroun : la méthode Atanga Nji

Chargé depuis 2018 de diriger le stratégique ministère de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji est omniprésent. Fidèle de Paul Biya, il a construit son ascension dans l’ombre mais ne craint plus la pleine lumière. Portrait d’un homme influent, qui fascine autant qu’il agace et dont on ne sait où il s’arrêtera.

Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale au Cameroun, depuis 2018. © MABOUP

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 17 mai 2022 Lecture : 7 minutes.

Paul Biya aurait pu en faire son chef du gouvernement. Rodé aux arcanes du pouvoir, Paul Atanga Nji, 62 ans, coche la plupart des cases. Il est anglophone mais maîtrise parfaitement le français, dispose d’une assise politique dans son Nord-Ouest natal et a servi à la présidence de la République pendant près d’une dizaine d’années… Le chef de l’État en a toutefois décidé autrement. Il n’en a pas fait son Premier ministre, poste finalement confié à Joseph Dion Ngute, un anglophone du Sud-Ouest, mais cela n’a pas empêché Paul Atanga Nji de devenir le premier de ses ministres. Le plus actif, le plus entreprenant, mais aussi le plus présent sur la scène médiatique et sur le terrain. 

Style iconoclaste

Nommé à l’Administration territoriale en mars 2018, Paul Atanga Nji paraît indifférent aux convenances de la haute administration. Ses détracteurs lui reprochent volontiers son style iconoclaste, son langage parfois peu châtié, les menaces à peine voilées qu’il n’hésite pas à proférer et, d’une manière générale, une approche conflictuelle de l’exercice du pouvoir. Lui reste concentré sur sa mission, équipant les préfets en matériel, monitorant les accidents de la route et surveillant l’opposition.

Attaché – comme le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh – à l’État unitaire, il se saisit du problème anglophone sans craindre de bousculer le Premier ministre. Et le voilà bientôt qui traque les enseignants grévistes, ordonnant aux gouverneurs de région « l’identification systématique » des plus récalcitrants. Et tant pis si, ce faisant, il empiète sur les prérogatives du ministre de tutelle. 

Il veut être celui qui fait bouger les lignes, celui qui ose s’attaquer aux dossiers les plus chauds

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