La reine Catherine
Fin janvier, alors qu’une femme accédait au pouvoir en Centrafrique, la France n’avait d’yeux que pour deux autres : Valérie Trierweiler et Julie Gayet, au centre d’un vaudeville impliquant le président français, François Hollande. La transition sentimentale entre la première et la seconde éclipsait ainsi la transition politique centrafricaine, alors même que Paris est engagé jusqu’aux armes à Bangui. Et tandis que là-bas on se demandait qui, des anti-balakas ou de la Séléka, se mettrait autour de la table des négociations, les médias de l’Hexagone voulaient savoir qui, de Valérie ou de Julie, partagerait la galette des rois avec François.
Moi, c’est la "reine Catherine" qui m’intéresse. La "reine Catherine", du joli surnom que les Centrafricains ont donné à leur "Première dame". De façon générale, chaque fois qu’une femme est appelée à prendre les rênes du pouvoir quelque part dans le monde, je me dis que c’est une bonne nouvelle pour l’humanité entière. Et quand la nouvelle vient du continent, où les femmes ne se bousculent pas dans les couloirs des palais présidentiels ni aux postes de décision, hors de question de bouder mon plaisir ! Ce n’est ni par réflexe sexiste ni parce que je crédite les femmes d’un quotient intellectuel plus élevé que celui des hommes ou d’une plus grande capacité à gérer les conflits. Mais j’en suis persuadée, lorsque les femmes se voient confier le pouvoir, il y a des chances que les stratégies politiques le cèdent à l’exercice pratique, l’idéologie au terrain, la religion aux affaires de la cité.
Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de la crise centrafricaine et certains me reprocheront de me féliciter trop vite d’une nomination dont j’ignore les dessous. Peu m’importe. Je me fie à ma propre analyse. Je me dis, c’est fou ce que cette dame semble représenter toute l’Afrique ! Elle est née au Tchad, son père est camerounais, sa mère est centrafricaine, elle est chrétienne, elle parle l’arabe et, d’après ceux qui la connaissent, elle a un coeur qui contiendrait à lui seul tout le continent ! Je l’ai entendue parler aussi. Elle aurait pu nommer un Premier ministre musulman. Elle a conscience de la difficulté de la tâche mais fait confiance à la communauté internationale pour "l’accompagner". Elle sait que son premier défi est de stopper la violence. Alors, elle se tourne vers les belligérants et dit : "Mes enfants, déposez les armes !"
C’est ce cri et cette supplique d’une femme qui marqueront probablement l’histoire centrafricaine. Et qui confirment encore une fois cet adage du Lysistrata d’Aristophane : "Quand la guerre sera l’affaire des femmes, elle s’appellera la paix !"
PS : il paraît que le président français a déjà rencontré Catherine Samba-Panza lors d’une réunion des maires francophones mi-novembre 2013 à Paris et qu’il lui aurait dit : "Tenez bon, nous arrivons !" Pour une fois, Hollande fut fidèle à la parole donnée à une femme. Voilà qui, en la circonstance, ne peut que nous réjouir. Et qui seul restera dans les annales de l’Histoire.
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