Cryptomonnaies : Kristalina Georgieva enfonce le clou
Alors que la Centrafrique vient d’adopter le bitcoin comme monnaie officielle, la directrice générale du FMI a, une nouvelle fois, plaidé pour la mise en place d’une réglementation mondiale des crypto-actifs. Au risque de voir l’économie de pays émergents s’effondrer.
Deux semaines après la décision controversée de Bangui d’adopter le bitcoin comme « monnaie officielle », la cryptomonnaie revient sur le devant de la scène avec, cette fois, la question du cadre réglementaire transfrontalier qui est pour l’heure, quasi inexistant.
Ce mardi 10 mai, lors de la 10e conférence « haut niveau » organisée par la Banque nationale suisse et le Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva débattait des incidences de la monnaie numérique sur le Système monétaire international (SMI).
Intégration vs fragmentation
« La guerre a provoqué non seulement d’immenses souffrances humaines, mais aussi un choc économique mondial et une forte augmentation du risque d’une nouvelle guerre froide. Un monde qui pourrait se fragmenter en blocs économiques, créant des obstacles à la circulation transfrontalière des capitaux, des biens, des services, des idées et des technologies », s’inquiète Kristalina Georgieva, rappelant que l’intégration économique a justement sorti de l’extrême pauvreté 1,3 milliard de personnes ces trois dernières décennies.
Pour rendre les paiements internationaux efficaces, inclusifs, moins coûteux et donc accessibles au plus grand nombre, la DG du FMI appelle les pays à travailler ensemble pour construire de « nouvelles routes, chemins de fer, ponts et tunnels », en utilisant des plateformes numériques publiques pour connecter tous types de système de paiement.
Nous pouvons faire en sorte que les paiements fonctionnent pour tout le monde, dans tous les pays
Dans un rapport du FMI publié le jour de la conférence, « Mesures de gestion des flux de capitaux à l’ère numérique : les défis des crypto-actifs », des pistes pour intégrer les cryptomonnaies au SMI sont abordées. Moderniser le système passerait d’abord par la mise en place d’infrastructures digitales publiques, qui faciliterait ainsi « la circulation des informations, la conformité aux réglementations, la concurrence entre les prestataires de services de paiement et le règlement des transactions transfrontalières ».
Réglementer à l’échelle mondiale
« De telles plateformes sont particulièrement importantes pour les économies dont les systèmes de paiement sont moins avancés. En adoptant diverses formes de monnaie, nous pouvons faire en sorte que les paiements fonctionnent pour tout le monde, dans tous les pays », ajoute encore la dirigeante bulgare. Mais pour répondre aux défis posés par les caractéristiques typiques des crypto-actifs, détenus et échangés de manière anonyme, les auteurs du rapport du FMI estiment de leur côté que des mesures de gestion des flux de capitaux pourraient faire partie d’une panoplie plus large d’outils politiques pour aider les pays à profiter des avantages des flux de capitaux tout en gérant les risques associés.
Une gestion qui passerait par la clarification du statut juridique des crypto-actifs de même que les personnes et entités exerçant des activités liées aux cryptomonnaies, l’élaboration d’un cadre réglementaire complet, cohérent et coordonné et enfin la mise en place d’accords de collaboration internationale pour la surveillance des crypto-actifs.
Cependant, les auteurs du rapport précisent que même en appliquant une telle stratégie, les défis sur les mesures de gestion de flux de capitaux persisteront, en particulier dans les économies de marché émergentes et en développement, où les contraintes de capacité réglementaire et technologique sont importantes. De fait, certains crypto-actifs tenteront de devenir clandestins et de rester sous le radar des régulateurs, tandis que de nouvelles innovations devront être adoptées pour contourner les actions réglementaires. Un jeu du chat et de la souris qui n’est pas prêt de s’arrêter.
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