[Série] L’Afrique est-elle vraiment malade de sa dette ?
Les conséquences économiques de la crise du Covid ont relancé les craintes sur l’endettement des pays africains. Cet alarmisme est-il justifié ? Enquête.
La dette africaine… Souvent présentée comme un fardeau, elle a cette fâcheuse tendance à revenir tel un boomerang à chaque fois que l’on pense l’avoir enfin domptée. On la croyait donc – à peu près – sous contrôle, mais elle s’est de nouveau invitée au cœur des débats, ces deux dernières années. La faute à la crise du Covid et aux urgences économiques et sociales auxquelles les pays du continent se sont subitement retrouvés confrontés.
Ces derniers jours, les craintes ont été renforcées par la remontée des taux d’intérêts sur les marchés internationaux, notamment en Europe et aux États-Unis, où les États africains ont été nombreux à mobiliser des ressources. Il faut dire qu’en 2021, l’injection massive de liquidités dans les économies occidentales pour faire face aux conséquences de la pandémie avait rendu l’emprunt « quasi-gratuit ».
Histoire douloureuse et interminable
La dette et l’Afrique, c’est une histoire douloureuse et interminable, faite de programme d’ajustements structurels (dans les années 1980 et 1990) et de plans pour les pays pauvres très endettés à compter des années 2000. Aujourd’hui, on disserte sur les Initiatives de suspension des services de la dette (ISSD) et sur le « cadre commun pour le traitement de la dette » adopté par le G20. Mais force est de constater que ces dispositifs ont donné des résultats assez inégaux !
N’agite-t-on pas trop vite l’épouvantail de l’endettement ? Les Africains n’ont-ils pas fait des progrès dans la gestion de leurs finances ? « Il faut arrêter de faire du folklorisme au sujet de la dette africaine », répond Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et banquier d’affaires. En septembre 2016 déjà, interrogé par Jeune Afrique, il estimait que le continent était « dramatiquement sous-endetté ». En réalité, si quelques économies sont véritablement en détresse, elles ne sont pas majoritaires et le tableau général est bien moins catastrophique qu’il n’y paraît.
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