Homosexualité en Tunisie : circulez, y a rien à voir !

À Tunis, les amours entre personnes du même sexe sont accueillies avec un sentiment de gêne. Et dans la nouvelle Constitution, c’est silence radio.

Près du souk de la rue Zitouna et de l’avenue Bourguiba à Tunis. © AFP

Près du souk de la rue Zitouna et de l’avenue Bourguiba à Tunis. © AFP

Publié le 13 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Les homosexuels tunisiens sont les grands oubliés de la nouvelle Constitution. Certes, le texte, adopté le 26 janvier, élargit les libertés individuelles. Mais les élus de l’Assemblée nationale constituante (ANC), craignant de légitimer le mariage homosexuel, ont imposé la référence à la famille stricto sensu (l’union d’un homme et d’une femme) dans la loi fondamentale. Lors de la campagne électorale de 2011, pourtant, les islamistes d’Ennahdha avaient ouvert une brèche en proposant d’examiner le problème de la "dignité" de ces "personnes dévalorisées", dont ils promettaient de respecter les droits. Au même moment, Gayday, le premier magazine homosexuel tunisien, était lancé sur internet.

"Il n’est pas question que la perversion sexuelle soit un droit humain"

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Mais ces promesses électorales n’ont pas connu de suite. Mis au banc de la société, les homosexuels encourent toujours une peine de trois ans de prison, selon l’article 230 du code pénal promulgué en 1913 – il y a plus d’un siècle. Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies avait pourtant recommandé à la Tunisie la dépénalisation des relations entre personnes de même sexe en 2012.

Ces citoyens-là devraient se faire soigner.

Samir Dilou, ex-ministre des Droits de l’Homme

Désormais, la position d’Ennahdha est sans ambiguïté. "Il n’est pas question que la perversion sexuelle soit un droit humain, a tranché Samir Dilou, ex-ministre des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, membre du bureau politique du parti islamiste, en février 2012. Ces personnes devraient se faire soigner. Ce sont des citoyens, mais ils doivent respecter les lignes rouges fixées par notre religion, notre héritage et notre civilisation." Une sortie qui illustre le conservatisme ambiant. Autre anecdote non moins éclairante : la gêne du gouvernement et les réactions offusquées – dont celle de Slim Riahi, un jeune conservateur libéral fondateur du parti de l’Union patriotique libre (UPL) – face au succès du film La Vie d’Adèle du Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche, qui a remporté la Palme d’or au dernier Festival de Cannes.

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Et quand le sujet apparaît soudainement dans la vie politique, la loi du silence prévaut. Comme après l’arrestation de Mounir Baatour, président du Parti libéral tunisien (PLT), pris en flagrant délit de rapports homosexuels en avril 2013. L’affaire a été rapidement étouffée. De même, les opposants de Ben Ali ont déjà oublié comment l’ancien régime avait utilisé ce tabou pour les discréditer durant leur incarcération. Qui se souvient encore de cette vidéo compromettante et probablement truquée d’Ali Larayedh, le chef du gouvernement sortant ? Bel exemple d’amnésie collective.

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