Libye : zizanie dans le Fezzan entre Toubous et Arabes
À Sebha, rien ne va plus entre communautés touboue et arabe. Les violences ont fait une centaine de morts, et des combattants pro-Kadhafi s’en mêlent. De quoi donner des sueurs froides à Tripoli.
Depuis plus de deux semaines, la fragile trêve conclue en 2012 entre Arabes et Toubous, des nomades noirs du Sahara, a volé en éclats à Sebha (dans le Fezzan, environ 650 km au sud de Tripoli), où des combats à l’arme lourde ont fait plus de 99 morts et 130 blessés. Si le calme est revenu le 29 janvier, la situation reste confuse et tendue dans cette ville de près de 150 000 habitants.
D’après le militant toubou Mabrouck Jomode Elie Getty, c’est un assassinat commis il y a trois mois par un membre de la tribu arabe Ouled Slimane qui aurait ranimé de vieilles querelles ethniques avec les Toubous. Une situation compliquée par la présence de combattants favorables au "Guide" déchu qui ont brièvement pris, le 18 janvier, la base aérienne de Tamenhant, brandissant le drapeau vert de l’ancien régime, selon Ayoub al-Zarrouk, le maire (arabe).
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Face à cette situation, le Parlement a décrété l’état d’urgence. "Des avions de l’armée ont patrouillé à des fins d’intimidation", témoigne un habitant, tandis que des milices révolutionnaires venues en renfort de Misrata et Zintan ont fini par sécuriser l’aéroport de la ville et contribuer au rétablissement de l’ordre.
Mercenaires
Depuis Paris, Tahar Dahech, un ex-responsable des comités révolutionnaires libyens (piliers du régime du "Guide"), se félicite de "la présence de drapeaux verts à Sebha et à la frontière tunisienne". Et prétend même, sans apporter de preuves, que des Kadhafistes auraient capturé au cours des affrontements des mercenaires étrangers, dont deux Français. "C’est un conflit ethnique et non politique. Il n’y a pas de drapeau vert à Sebha", se récrie Mabrouck Jomode Elie Getty, qui a demandé à Tripoli la création d’une commission d’enquête sur ces événements.
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Au Tchad et au Niger, où vivent d’importantes communautés arabes et touboues, la situation est suivie avec attention. Ali Zeidan, le Premier ministre libyen, s’est entretenu avec Moussa Faki Mahamat, le chef de la diplomatie tchadienne, en marge du sommet de l’Union africaine. Côté français, l’amiral Édouard Guillaud, chef d’état-major des armées, a évoqué l’hypothèse d’une intervention internationale, sous réserve d’un mandat onusien, pour mettre fin à l’instabilité dans le sud de la Libye et ainsi s’attaquer aux jihadistes qui y ont déplacé leurs bases après l’opération Serval au Mali et qui, lors des récents affrontements, sont restés discrets.
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Par Joan Tilouine
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