Côte d’Ivoire : la menace terroriste fragilise les relations intercommunautaires

Face à la présence de jihadistes dans les régions nord du pays, les autorités renforcent les activités en faveur des populations et misent sur le dialogue entre communautés.

Des réfugiés burkinabè dans un refuge à Tougbo (Côte d’Ivoire), le 22 janvier 2022. © SIA KAMBOU/AFP.

Aïssatou Diallo.

Publié le 16 mai 2022 Lecture : 8 minutes.

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Côte d’Ivoire : jeu décisif

Remodelage de l’exécutif et des partis, relance économique et lutte contre l’inflation, apaisement des tensions intercommunautaires… Dix-huit mois après la réélection d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat, le pays est à la croisée des chemins.

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« Sur le plan sécuritaire, je voudrais vous rassurer, la situation est calme et sous contrôle sur toute l’étendue du territoire national », a lancé Alassane Ouattara lors de son discours sur l’État de la nation, devant le Congrès réuni à Yamoussoukro, le 19 avril. Tout en rassurant ses compatriotes, le président ivoirien a pris l’engagement de poursuivre les efforts et les investissements en matière de sécurité.

Depuis quelques mois, le nord de la Côte d’Ivoire, cible d’attaques des hommes de la Katiba Macina depuis juin 2020, connaît un répit. La découverte, au début de février, d’un engin explosif improvisé sur l’axe Téhini-Koïnta, près du parc de la Comoé dans le nord-est du pays, est la dernière tentative d’attaque rendue publique. « Le renforcement du renseignement a permis de neutraliser des entreprises similaires », a souligné le général de brigade Ouattara Zoumana, commandant de la 4e région militaire et de la zone opérationnelle Nord, interrogé au début de mai par des médias internationaux.

La création de cette zone opérationnelle a pour but de coordonner l’action des différentes forces de défense et de sécurité dans la zone. « Malgré la relative accalmie, nous n’avons pas le droit de nous endormir sur nos lauriers. Nous connaissons le mode d’action de l’ennemi, qui est fondé sur la perfidie et utilise la population. Nous devons rester vigilants », a-t-il ajouté, plaidant pour un renforcement des effectifs. Les forces de défense et de sécurité portent une attention particulière au parc de la Comoé, où, en plus de la menace terroriste, se développe l’orpaillage clandestin.

Discriminations ethniques

Si la sérénité revient progressivement dans la région, le terrorisme a fragilisé les relations intercommunautaires, en créant un climat de suspicion, particulièrement envers les peuls, accusés d’être des terroristes ou d’en être les complices. Cette méfiance intervient dans un contexte de relations parfois tendues entre agriculteurs et éleveurs. Fin janvier, un chef de village confiait à JA l’importance de la collaboration avec les forces de l’ordre pour lutter contre le terrorisme, en signalant systématiquement tout passage de berger. Résultat, de nombreuses associations locales ont dénoncé les arrestations et le harcèlement des peuls, qui constituent la majorité des éleveurs transhumants.

Les spécialistes s’accordent à dire qu’il n’y pas encore de jihadisme endogène en Côte d’Ivoire

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