Gabon : Daniel Ona Ondo, la perle rare ?
Pour le présdient gabonais, Ali Bongo Ondimba, qui l’a nommé Premier ministre, Daniel Ona Ondo est l’homme de la situation. Sa mission : mener à bien des réformes délicates, destinées à améliorer les conditions de vie des Gabonais.
C’était un secret de polichinelle… Depuis plus de six mois, Ali Bongo Ondimba (ABO) cherchait la perle rare : un Premier ministre capable de secouer le cocotier, de mettre en oeuvre les (nombreuses) réformes sociales annoncées lors de la présidentielle de 2009 sans pour autant se laisser dévorer par une ambition personnelle à laquelle le poste semble prédisposer ses titulaires.
Après le présomptueux Paul Biyoghé Mba et le plus falot Raymond Ndong Sima, "Ali" a nommé Daniel Ona Ondo à la tête d’un nouveau gouvernement composé de 32 ministres, dont 19 "entrants". Son objectif : la présidentielle de 2016. Sa priorité : la lutte contre la pauvreté et la mise en oeuvre du volet social d’une politique jusqu’ici axée sur la relance économique et les infrastructures. "Je n’avais pas les hommes capables de mener à bien ces réformes délicates, confie à Jeune Afrique le chef de l’État. Cela a pris du temps car il ne fallait pas se tromper, mais désormais la question est réglée. Ce gouvernement sait que la tâche qui l’attend sera difficile. Mais toutes les conditions sont réunies pour qu’il réussisse."
Santé
Comme son prédécesseur, Daniel Ona Ondo, 68 ans, est un Fang d’Oyem. Cette géopolitique locale – importante au Gabon – n’explique pas tout. Le temps des palabres nocturnes et des tractations politiciennes (postes et privilèges contre ralliements au pouvoir) est en effet révolu. L’opposition, en perte de vitesse, est affaiblie par le retrait, pour raisons médicales, d’André Mba Obame, ex-"frère" du chef de l’État. Ce dernier n’en doit pas moins obtenir des résultats concrets. Eau, électricité, emploi, pouvoir d’achat, transports, désenclavement, santé, éducation : la feuille de route qu’il a confiée à Ona Ondo pour améliorer les conditions de vie des Gabonais est bien remplie.
ABO l’a nommé dans le plus grand secret, sans que nul n’ait été associé à ce choix et en dehors de toute pression.
Et ce nouveau Premier ministre, qu’il connaît depuis longtemps, ABO l’a nommé dans le plus grand secret, sans que nul n’ait été associé à ce choix et en dehors de toute pression – politique, régionale, ethnique ou administrative. Ce père de sept enfants réunit toutes les qualités dont le président a besoin. Professeur agrégé d’économie après des études au lycée Léon-Mba, à l’Université de Picardie (France), puis à celle de Panthéon-Sorbonne (où il a obtenu son doctorat d’État en 1980), doyen puis recteur de l’Université Omar-Bongo de Libreville, il a occupé différents postes au sein du gouvernement sous Bongo père : ministre de la Culture en 1998, de l’Éducation nationale en 2002, des Postes et Télécommunications en 2005, il a été élu vice-président de l’Assemblée nationale en 2007. Universitaire et expérimenté, il est aussi pédégiste à tous crins. Il s’est en effet toujours battu pour le Parti démocratique gabonais (PDG), sur sa terre natale notamment – ce qui est loin d’être une sinécure. Candidat à la présidentielle de 2009, il s’est retiré de la course quand l’ancien parti unique a choisi de soutenir Ali, alors que la majorité des responsables fangs, de Mba Obame (ancien ministre de l’Intérieur) à Casimir Oyé Mba (ex-Premier ministre) en passant par Jean Eyéghé Ndong (Premier ministre), basculait dans le camp adverse.
Mieux, sa nomination n’a provoqué aucun grincement de dents au sein d’un parti que le renouvellement de ses cadres et la mise à l’écart de quelques caciques a pourtant fortement secoué, lors de son dernier congrès, en avril 2013. Un parti qui sera largement mis à contribution en 2016. Mais alors seuls compteront l’opinion des Gabonais et les résultats concrets obtenus d’ici là…
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