« Des étoiles » : les ailes de la liberté
Avec son premier long-métrage, « Des étoiles », la Franco-Sénégalaise Dyana Gaye célèbre le mouvement et la rencontre. En musique.
"Si l’on regarde une étoile en particulier, elle a l’air bien seule. Mais il y en a une infinité. Et ensemble elles forment des dessins, des constellations." L’Italienne qui prononce ces paroles dans Des étoiles parle sans nul doute au nom de la réalisatrice. Car ce beau film choral, premier long-métrage de la Franco-Sénégalaise Dyana Gaye, raconte la vie de personnages au départ esseulés mais qui, toujours en mouvement, finiront par savoir comment affronter leur destin grâce à la magie des rencontres.
Rejoindre l’eldorado américain
Dyana Gaye aime "les gens qui bougent, parce que le mouvement sous-entend la liberté". Elle le prouve sur l’écran, où l’on voit d’abord atterrir Sophie, jeune femme en provenance de Dakar débarquant à Turin pour y retrouver son mari, Abdoulaye, depuis longtemps émigré en Italie. Mais voilà, bien que prévenu de son arrivée, il a disparu… Pour aller travailler sur un chantier au loin, comme ses amies africaines coiffeuses qui partageaient son logement le prétendent ? Non : une séquence se déroulant à New York nous apprend qu’il a quitté depuis longtemps la capitale du Piémont – où il avait d’ailleurs une compagne – pour traverser l’océan avec l’aide d’un passeur et rejoindre le supposé eldorado américain. Lequel ne lui réserve que des galères…
À Dakar, la Sénégalaise Amy a, elle, fait le chemin inverse et vient de revenir pour la première fois depuis vingt ans dans son pays natal, accompagnée de son fils Thierno, qui ne connaît pas l’Afrique, afin d’assister à l’enterrement de son ex-époux. Très américanisée, elle choque son entourage qu’elle critique sans arrêt, à commencer par sa soeur chez laquelle elle réside. Thierno, au contraire, est tout à fait à l’aise sur la terre de ses ancêtres, et encore plus à l’aise avec les beautés locales.
Trois parcours vers l’émancipation et l’apaisement
Turin, Dakar, New York. Trois villes, trois destins. Sophie finira par rencontrer à nouveau l’amour, Thierno ses racines et celles de la musique qu’il joue, et Abdoulaye, semble-t-il, un travail. Trois parcours, donc, vers l’émancipation et l’apaisement. Ce qui permet au film, bien qu’il évoque sans concession les affres de l’exil, les défis de l’altérité et les manquements à la solidarité entre émigrés, de ne jamais verser dans le mélodrame.
Rien d’étonnant de la part d’une cinéaste qui aime "l’entre-deux" et se dit "toujours résolument optimiste". Son précédent film, le moyen-métrage Un transport en commun, qui l’a révélé en 2010 aux yeux du public comme de la critique, en témoignait : pour raconter le savoureux voyage en taxi-brousse d’une dizaine de personnages entre Dakar et Saint-Louis, Dyana Gaye n’avait pas craint de proposer une véritable comédie musicale où les acteurs, des amateurs pour l’essentiel, s’exprimaient en chantant et, parfois, en dansant.
La musique, élément à nouveau essentiel dans Des étoiles, est depuis toujours présente dans la vie de Dyana Gaye : son père, Ayib, a débarqué en Europe dans les années 1970 pour y jouer, en compagnie de Wasis Diop, dans l’orchestre du West African Cosmos. Aussi adore-t-elle, bien sûr, les comédies musicales de Vincente Minnelli, mais également, sans doute parce qu’ils célèbrent la liberté sous toutes ses formes, les films de John Cassavetes. Et les cinéastes africains ? Rien d’étonnant, pour une femme ayant toujours vécu en France mais qui a tenu récemment à obtenir la nationalité sénégalaise, si elle cite avant tout les "anciens" Djibril Diop Mambety, Safi Faye et Sembène Ousmane, avant d’évoquer Alain Gomis. Une constellation assurément brillante et qui compte désormais une nouvelle étoile.
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