Espagne : coup d’arrêt à l’IVG

La droite s’apprête à réduire drastiquement les possibilités de recours à l’avortement. Est-ce bien raisonnable ? En France, la gauche fait l’inverse. Est-ce bien utile ?

Manifestation devant une clinique madrilène spécialisée, le 28 décembre. © Andres Kudacki/AP/Sipa

Manifestation devant une clinique madrilène spécialisée, le 28 décembre. © Andres Kudacki/AP/Sipa

Publié le 31 janvier 2014 Lecture : 2 minutes.

"Une régression qui renverrait les femmes à l’âge de pierre." C’est en ces termes que Marisol Touraine, la ministre française des Affaires sociales – qui, sans doute, avait abusé de la galette des rois -, a, le 21 janvier, commenté le projet de loi du gouvernement conservateur espagnol visant à limiter drastiquement le recours à l’avortement. L’âge de pierre ? N’exagérons rien. Un recul ? Assurément. Adopté fin décembre en Conseil des ministres mais pas encore voté, le nouveau texte n’autorise l’interruption volontaire de grossesse qu’en cas de danger avéré pour la vie ou la santé de la femme. Ou en cas de viol attesté par une plainte. Dans tous les autres cas, y compris la malformation foetale, l’avortement est interdit.

Adoptée en 2010 par une chambre majoritairement socialiste, la loi actuelle autorise l’avortement jusqu’à la quatorzième semaine de grossesse, et même jusqu’à la vingt-deuxième en cas de malformation du foetus. Devenu président du gouvernement l’année suivante, Mariano Rajoy avait promis pendant sa campagne de revenir sur cette loi. Il a tenu parole, et c’est Alberto Ruiz-Gallardón, ministre de la Justice, ancien maire de Madrid et cousin de Cécilia Attias (ex-Sarkozy), qui défend le nouveau texte. "Nous avons fait la première loi reflétant l’opinion majoritaire des Européens. Une chose sans précédent depuis des décennies qui consiste à en finir avec le mythe de la supposée supériorité morale de la gauche", pavoise-t-il dans le quotidien conservateur ABC.

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78% des Espagnols estiment que la réforme n’est pas nécessaire

Pour ladite gauche, le Parti populaire au pouvoir essaie surtout de faire diversion. "Il s’efforce de détourner l’attention, de dissimuler derrière la soutane morale du cléricalisme sa relation pornographique avec l’argent", s’emporte le poète et critique littéraire Luis García Montero, dans InfoLibre. Mais la gauche n’est pas la seule à s’agacer. Un sondage récent de l’institut Metroscopia révèle que 78 % des Espagnols estiment que la réforme n’est nullement nécessaire. Même la majorité des électeurs du PP et des catholiques pratiquants en est convaincue.

En France, la majorité socialiste prend le chemin inverse. L’Assemblée nationale vient d’adopter un amendement à la loi Veil de 1975 autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Le nouveau texte remplace la notion de "situation de détresse" justifiant le recours à l’IVG par la simple volonté des femmes concernées. Comme chacun sait, ce que femme veut… 

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