États-Unis : mais si, Obama s’occupe des Noirs !

Discrètement, l’administration démocrate de Barack Obama a entrepris de corriger l’injustice d’un système répressif toujours beaucoup plus sévère avec les représentants des minorités, notamment celle des Africains-Américains.

Aux États-Unis, 40% des 2,3 millions de détenus sont des Afro-américains. © Reed Saxon/AP/Sipa

Aux États-Unis, 40% des 2,3 millions de détenus sont des Afro-américains. © Reed Saxon/AP/Sipa

Publié le 29 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Les chiffres sont connus. Alors qu’ils ne représentent que 5 % de la population mondiale, les États-Unis comptent 25 % de la population carcérale, soit environ 2,3 millions de détenus. Parmi eux, 40 % d’Africains-Américains. Plus de Noirs sont aujourd’hui emprisonnés ou en liberté conditionnelle qu’il n’y avait d’esclaves en 1850, rappelle l’historienne Michelle Alexander dans un livre retentissant paru en 2010. L’auteure y comparait cette incarcération de masse à de nouvelles Jim Crow Laws, du nom de ces lois ségrégationnistes en vigueur dans les États du Sud jusqu’en 1965.

L’Amérique postraciale n’est certes pas encore pour demain, mais l’administration Obama a entrepris de démanteler l’arsenal répressif qui en empêche à coup sûr l’avènement.

L’Amérique postraciale n’est certes pas encore pour demain, mais l’administration Obama a entrepris de démanteler l’arsenal répressif qui en empêche à coup sûr l’avènement. Une révolution silencieuse qui est le meilleur service que le président – souvent accusé de ne pas assez s’en soucier – pouvait rendre à la communauté noire, sans pour autant être taxé de partialité. Grâce à une circulaire du ministre de la Justice rendue publique en août 2013, les procureurs peuvent désormais épargner à certains trafiquants de drogue – ceux qui n’ont par exemple aucun lien avec un gang – les peines minimales prévues par la loi fédérale. Un individu ayant écoulé 5 kg de cocaïne pourra désormais être condamné à moins de dix ans de prison, alors qu’il aurait auparavant écopé de la perpétuité.

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>> Lire aussi : Obama déterminé à agir sur les inégalités, avec ou sans le Congrès

La guerre contre le crack

Obama a par ailleurs, en décembre, gracié six détenus condamnés à la détention à vie pour trafic de crack. Condamné en 1994, l’un des bénéficiaires était âgé de 17 ans à l’époque des faits. Le but de ces mesures ? Réduire la surpopulation carcérale tout en mettant un point final à la guerre contre l’épidémie de crack, qui, dans les années 1980-1990, ravagea les grandes villes du pays. Menée à grands coups de lois répressives, cette guerre conduisit derrière les barreaux des milliers de consommateurs et de petits trafiquants parmi lesquels, bien sûr, un grand nombre d’Africains-Américains. La population carcérale avait alors bondi de 800 %. En 2010, une loi avait aligné les peines prévues pour les consommateurs de crack, en majorité des Noirs pauvres, sur celles punissant les consommateurs de cocaïne, en général des Blancs aisés. Auparavant, elles étaient beaucoup plus sévères pour les accros au crack.

Au-delà de la nécessité de corriger une "injustice", pour reprendre le terme utilisé par le président, la réforme répond aussi à des considérations économiques : les États-Unis engloutissent chaque année dans leurs prisons 80 milliards de dollars (59 milliards d’euros). Pour faire des économies, plusieurs États conservateurs pourtant peu suspects de clémence envers les délinquants, comme le Texas et l’Arkansas, libèrent désormais de petits trafiquants de drogue.

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Le "stop-and-frisk" : arrestation arbitraire de jeunes issus des minorités

Autre avancée : l’annonce faite à la mi-janvier que les agents fédéraux ne pourront plus à l’avenir se fonder sur la religion ou la nationalité d’un individu – l’appartenance ethnique étant déjà prohibée – pour mener leurs enquêtes. Ce qui, comme l’a relevé un sénateur démocrate, constituait un véritable "permis de discriminer" les musulmans établis aux États-Unis. On sait que, depuis les attentats du 11 septembre 2001, ces derniers sont soumis à une surveillance policière renforcée, notamment à New York, où des organisations communautaires ont d’ailleurs saisi les tribunaux. Comme il s’y était engagé pendant sa campagne électorale, Bill de Blasio, le nouveau maire démocrate, devrait quant à lui mettre prochainement un terme à la pratique dite du stop-and-frisk – l’arrestation arbitraire par la police de jeunes issus des minorités.

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Mine de rien, les droits des minorités auront connu sous la présidence résolument color blind (littéralement : "aveugle à la couleur") de Barack Obama des avancées décisives.

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