Gabon : Laure Olga Gondjout… la retraite, elle ? Jamais !
Atteinte par la limite d’âge, Laure Olga Gondjout a dû quitter le Palais du bord de mer. Ne lui reste plus qu’un poste de médiateur de la République du Gabon. Dur dur pour cette femme d’action…
Le 18 janvier, au faîte de sa puissance – elle était secrétaire générale de la présidence -, Laure Olga Gondjout a fait ses cartons et vidé ses placards du Palais du bord de mer. Elle a été immédiatement remplacée par Étienne Massard Kabinda Makaga, un homme du premier cercle présidentiel. En politicienne expérimentée, elle s’y attendait un peu depuis le 18 décembre 2013, jour de son soixantième anniversaire, marquant l’âge statutaire de la retraite. Son prédécesseur, François Engongah Owono, en fonction entre 2009 et 2011, avait connu le même sort. Atteint par la limite d’âge, il avait dû plier bagage contre son gré, quittant du même coup la vie publique.
Tenaillée par l’envie de conserver son poste, Gondjout aurait bien voulu jouer les prolongations. Sans doute espérait-elle qu’on se souviendrait, en haut lieu, du soutien sans faille qu’elle avait apporté en 2009 à Ali Bongo Ondimba. Ce dernier briguait alors la succession de son père et se heurtait aux résistances des barons du parti au pouvoir. Mais même la fille de Paul-Marie Indjendjet Gondjout, qui fut le premier président de l’Assemblée nationale du Gabon indépendant, n’a pas pu déroger à la règle.
Contrariée mais conquérante, elle a décidé de partir à l’assaut de la mairie de Libreville, lors des municipales du 14 décembre 2013. Ultime défi qu’elle entendait relever pour faire taire ses détracteurs. Mais elle a présumé de ses forces et sous-estimé son impopularité. Sa liste n’a finalement pas obtenu la majorité des suffrages.
Cette ambitieuse ne devrait même plus siéger dans un conseil d’admnistration.
Bail achevé à la présidence, Hôtel de ville hors de portée… Gondjout s’était donc résignée à partir, droite dans ses escarpins. "J’envisageais de me reconvertir dans les affaires", confie à J.A. l’ancienne présidente du conseil d’administration d’Agro Gabon, une entreprise publique en difficulté vendue en 2003 à Siat Gabon, filiale d’un groupe belge. Le pouvoir en a décidé autrement. Le 16 janvier, elle est nommée médiateur de la République, une autorité administrative moribonde, plombée par l’inertie du précédent ombudsman, Jean-Louis Messan. Peu de Gabonais prennent cette institution au sérieux et envisagent de la saisir en cas de conflit avec l’administration. Plus grave pour cette ambitieuse, ses nouvelles fonctions sont incompatibles avec ses mandats politiques, dont celui de conseiller municipal du 3e arrondissement de Libreville, de sénateur suppléant, de membre du Comité permanent du bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir). La fondatrice du site d’informations Gabonews, qui envisage de lancer une chaîne de télévision dans les prochains mois, n’est même plus censée siéger dans un conseil d’administration ! Là où ses prédécesseurs se consolaient avec une rémunération mensuelle d’environ 10 millions de F CFA (15 000 euros), elle pourrait vite se sentir à l’étroit.
En froid avec l’entourage du chef de l’État et avec la presse
Peut-elle rebondir, notamment au gouvernement, où on annonce un remaniement ? Pas sûr. D’autant que cette forte tête ne s’est pas fait que des amis à la présidence. En froid avec Maixent Accrombessi, directeur du cabinet présidentiel et plus proche collaborateur du chef de l’État, elle s’est aliéné l’entourage de ce dernier. La presse ne l’aidera pas non plus. Paradoxalement, cette ancienne ministre de la Communication entretient des relations compliquées avec les journalistes. Elle avait notamment institué en 2009 l’obligation pour les journalistes étrangers de présenter une accréditation à la police de l’air et des frontières.
Néanmoins, cette ancienne interprète, qui fut vingt-deux ans durant la secrétaire particulière d’Omar Bongo Ondimba, a su se constituer un réseau d’obligés. Rose Christiane Ossouka Raponda, par ailleurs candidate du PDG à la mairie de Libreville, Brigitte Anguilet, vice-présidente du Conseil national de la communication (CNC), ou Lin Joël Ndembet, le patron du quotidien gouvernemental L’Union, lui doivent en partie leur ascension. Avec son départ, c’est une autre page de l’ère Bongo père qui se tourne. Même si on n’a pas fini d’en entendre parler.
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