Macky Sall : « Mon travail de président est loin d’être achevé »

Impact de la guerre en Ukraine, coups d’État en Afrique de l’Ouest, relations avec ses opposants… Pour Jeune Afrique, le chef de l’État sénégalais évoque son bilan, à quelques semaines des législatives et à moins de deux ans de la présidentielle.

Macky Sall dans les jardins du palais présidentiel, à Dakar, en décembre 2018. © Présidence du Sénégal

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Publié le 30 mai 2022 Lecture : 14 minutes.

Macky Sall est sur tous les fronts… Le chef de l’État sénégalais, qui assume par ailleurs la présidence de l’Union africaine (UA) jusqu’en février prochain, n’a guère le loisir de se poser. Entre la préparation (et la validation) des listes de sa coalition pour les législatives de juillet et la gestion des conséquences des crises (Covid-19, guerre en Ukraine), entre les urgences locales et les dossiers brûlants, qu’ils soient africains ou internationaux, l’agenda présidentiel a des allures de tonneau des Danaïdes. Chaque jour, de potron-minet jusque tard dans la soirée, il se remplit sans fin, provoquant sueurs et migraines parmi les membres de son cabinet ou au sein de son service du protocole.

Réélu en février 2019 avec 58 % des suffrages, « Macky », comme l’appellent ses compatriotes, entend frapper un grand coup lors des législatives. Ultime test électoral avant la présidentielle de 2024, ce scrutin a été préparé avec minutie par le président lui-même, contrairement aux élections locales de janvier dernier, qui ont vu l’opposition glaner quelques victoires hautement symboliques, notamment à Dakar. Le chef de Benno Bokk Yakaar (BBY) veut une large majorité à l’Assemblée, avoir les coudées franches, faire une démonstration de force politique. Et travailler, dès août prochain, avec un Premier ministre issu des rangs de sa coalition.

Le chef de l’État nous a reçu au palais présidentiel, dans l’un des salons du rez-de-chaussée, le 12 mai, deux semaines avant que le terrible incendie survenu à l’hôpital de Tivaouane ne le contraigne à écourter un déplacement en Guinée équatoriale, où il devait présider un sommet de l’UA, et à limoger son ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr.

Guère adepte – c’est un euphémisme – de l’exercice de l’interview , il a tenté d’y surseoir, prétextant l’arrivée imminente de l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan et proposant en lieu et place une discussion à bâtons rompus. Il a fallu lui promettre que l’entretien ne durerait pas. Au fil de nos questions, qu’il s’agisse de l’UA ou du Sénégal, il s’est pris au jeu, soucieux d’expliquer son action et ses ambitions. La séance aura finalement duré plus d’une heure. Et Goodluck Jonathan a donc dû faire preuve de patience…

Jeune Afrique : Vous présidez l’UA jusqu’en février 2023. Alors que l’on pensait que votre principale mission serait la relance post-Covid, voire la gestion d’un certain nombre de crises spécifiques (coups d’État au Mali, en Guinée et au Burkina, terrorisme dans le Sahel, dossier éthiopien…), la guerre en Ukraine, lourde de conséquences, a éclaté. Quelles sont vos priorités ?

Macky Sall : Elles sont, hélas, nombreuses. En l’espace de deux ans, la pandémie de Covid-19 a engendré une situation économique particulièrement préoccupante, qui s’est traduite par une baisse importante de la croissance africaine, voire, dans certains cas, par des récessions.

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Au moment où nous commencions enfin à sortir la tête de l’eau, la guerre en Ukraine a éclaté. Avec pour conséquence une très forte hausse du cours des produits pétroliers, une augmentation sensible du prix des denrées alimentaires – notamment du blé –, le renchérissement du prix des fertilisants et des semences, etc. Tout cela a un très fort impact sur le coût de la vie, sur le pouvoir d’achat des Africains. En outre, si nous ne parvenons pas à nous approvisionner en fertilisants ou en céréales, une famine peut survenir. L’Afrique, tout en étant géographiquement éloignée de ce conflit, en est l’une des premières victimes. C’est pourquoi nous mettons tout en œuvre pour un retour rapide à la paix.

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