RDC : Numbi le banni

La disgrâce continue pour l’ancien chef de la police congolaise, John Numbi. Plusieurs de ses résidences ont été perquisitionnées, et on le soupçonne désormais d’aider en sous-main des rebelles katangais.

John Numbi à Kinshasa, le 21 janvier 2011. © Junior Kannah/AFP

John Numbi à Kinshasa, le 21 janvier 2011. © Junior Kannah/AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 30 janvier 2014 Lecture : 2 minutes.

Il fut longtemps un homme clé du régime Kabila. Luba du Katanga comme le président, ce chef de la police, particulièrement redouté, était chargé des basses besognes et des négociations secrètes.

Mais aujourd’hui, le général John Numbi est sur la sellette. Le 20 janvier, plusieurs de ses résidences situées dans son fief de Lubumbashi ont été perquisitionnées. Des armes de guerre (dont un lance-roquettes) ont été saisies et dix-huit personnes interpellées dans sa résidence dite du carrefour. Selon des sources concordantes, certaines d’entre elles feraient partie du réseau des "Kata-Katanga", ces miliciens indépendantistes qui sèment la terreur dans la région et maintiennent la pression sur le gouvernement central. Les informations recueillies confirment les conclusions des experts de l’ONU, qui affirment, dans leur dernier rapport, que Numbi "fournit un soutien militaire, financier et logistique" à ces rebelles du Katanga.

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La lente disgrâce de John Numbi a commencé dès 2010, après l’assassinat de Floribert Chebeya, le président de l’ONG La Voix des sans-voix. Les proches de la victime – ainsi que plusieurs éléments de l’enquête – accusaient celui qui était alors le chef de la police d’avoir commandité l’assassinat du militant associatif. Suspendu de ses fonctions, Numbi avait usé de son influence pour éviter de comparaître au procès. Sans doute pensait-il alors pouvoir réintégrer son poste à la tête de la police.

Numbi soupçonné d’être à l’origine d’attaques dans des lieux stratégiques de Kinshasa

Or, le 28 décembre 2013, Charles Bisengimana, un Tutsi de la province du Sud-Kivu qui assurait l’intérim, a été officiellement nommé à ce poste. Deux jours plus tard, une attaque aux allures de tentative de coup d’État était menée par des partisans du pasteur Mukungubila – un homme férocement anti-Tutsis et lui aussi Luba du Katanga. Elle a eu lieu simultanément à Kindu, Lubumbashi et dans trois lieux stratégiques de Kinshasa : le camp militaire Tshatshi, l’aéroport de N’Djili et le siège de la télévision nationale. Aux yeux de nombreux experts militaires, le pasteur n’aurait pas pu lancer seul une opération d’une telle ampleur.

Numbi a eu beau protester de son innocence lors d’une conférence de presse organisée dès le lendemain à Lubumbashi, il est accusé en haut lieu d’être à l’origine de ces attaques. Des soupçons qui lui ont certainement valu de subir les perquisitions du 20 janvier. Numbi n’a toutefois pas été immédiatement inquiété. "Le pouvoir marche sur des oeufs dans cette affaire, commente une source diplomatique à Kinshasa. Arrêter un personnage de son envergure, c’est prendre de gros risques pour la stabilité du pays." Une partie des très influents Lubas du Katanga, qui s’estiment de plus en plus marginalisés, continuent en effet de soutenir le général. Mais il sera désormais très difficile à ce dernier de revenir en grâce.

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>>  Lire aussi : John Numbi dans le viseur de la justice militaire congolaise

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