Algérie : Abdelmalek Sellal, l’homme qui ne voulait pas être calife
Fidèle parmi les fidèles d’Abdelaziz Bouteflika, le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a coupé court aux spéculations : non, il ne briguera pas la succession du chef de l’État.
Les rumeurs et les supputations colportées dans les journaux et sur les réseaux sociaux ont fini par irriter Abdelmalek Sellal. Non, il n’est pas candidat à la succession d’Abdelaziz Bouteflika, en convalescence depuis son AVC survenu le 27 avril 2013. L’exaspération du Premier ministre était telle que, lors d’un récent déplacement à l’intérieur du pays, il aurait enjoint à quelques journalistes de ne plus évoquer cette question : "Arrêtez d’écrire que je suis candidat." Preuve qu’il n’est pas prétendant à la course au fauteuil présidentiel, il dirige, depuis le 20 janvier, la commission nationale chargée de la préparation et de l’organisation du scrutin du 17 avril.
Abdelmalek Sellal, 65 ans, diplômé de l’École nationale d’administration (ENA), Kabyle originaire de Constantine (400 km à l’est d’Alger), a-t-il d’ailleurs jamais songé à être calife à la place du calife ? Certes, quelques lobbies d’affaires ou des amis intéressés rêvaient de le voir partir à la conquête du palais d’El-Mouradia. Mais en aparté, au gré des confidences qu’il lâche à ses proches, Sellal, amateur de bonne chère, de blagues potaches et de musique andalouse, répète qu’il ne nourrit aucune ambition dans ce sens. Et qu’il envisage de terminer sa carrière dans la diplomatie, métier qu’il a eu à exercer comme ambassadeur en Hongrie, avant d’être rappelé en 1998 par le président Liamine Zéroual. À l’époque, ce dernier l’avait chargé, en tant que ministre de l’Intérieur, de superviser la présidentielle d’avril 1999, laquelle débouchera sur l’élection d’Abdelaziz Bouteflika.
Maintenir la paix sociale par le dialogue
Nommé à la tête du gouvernement en septembre 2013, l’ex-directeur de campagne de l’actuel chef de l’État (en 2004 et en 2009) a hérité d’une feuille de route balisée : maintenir la paix sociale par le dialogue, représenter le président à l’étranger et, surtout, assumer par délégation de pouvoirs les fonctions que le chef de l’État n’est plus en mesure d’honorer en raison de sa maladie. Une mission dont il s’est plutôt bien acquitté.
C’est que le Premier ministre est aujourd’hui sur tous les fronts, si bien que ses collaborateurs jurent qu’il ne quitte son bureau du palais du gouvernement que très tard dans la nuit, qu’il travaille même le week-end, potasse ses dossiers entre un rendez-vous avec un ministre, une réunion interministérielle, une entrevue avec le président ou une audience avec un responsable étranger.
En un peu plus d’un an, Sellal aura sillonné la quasi-totalité des quarante-huit wilayas (départements) pour superviser les projets engagés dans le cadre des multiples programmes présidentiels et distribuer de généreuses enveloppes budgétaires totalisant plusieurs dizaines de milliards de dollars. Laudateur patenté de Bouteflika, le Premier ministre ne cesse de défendre le bilan des trois mandats présidentiels : retour de la paix, maintien de la stabilité, apurement de la dette extérieure, résorption progressive du chômage. Mais à trop vouloir se faire l’avocat du chef de l’État, Sellal a fini par s’exposer aux moqueries de ses compatriotes, qui raillent ses bourdes linguistiques, ses déclarations approximatives ou son langage un peu trop fleuri. Mais qu’importe, tant qu’il remplit la mission qui lui a été assignée.
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